A l’heure où l’on déplore la mort récente de deux des plus grands weirdoes que le charmant monde du rock’n roll ait porté, à savoir Seth Putnam et Wild Man Fischer, et le fait que des hordes impies se soient, une nouvelle fois, ruées dans les rues pour entendre des bras cassés massacrer des hits morts-nés, il est bon de prendre le temps de regarder en arrière, peut être en sirotant un bon scotch, en tirant sur votre bonne vieille bouffarde et en vous laissant bercer par la fascinante histoire de l’easy-listening. Car, comme le disait Offspring, “music soothes even the savage beasts“.
En effet, joie de l’Internet, une bonne âme a eu l’excellente idée de mettre en ligne la dernière sucrerie en date de la BBC 4, toujours là lorsqu’il s’agit de pondre des docus musicaux aux petits oignons (Synth Britannia, Krautrock: The Rebirth of Germany, Once Upon a Time in New York, etc).
Aujourd’hui, elle s’attaque donc à l’histoire de l’easy-listening, aussi appelée Mood Music et Adult Contemporary.
Une histoire qui commence aux Etats Unis, dans les années 40-50, où une tripotée de jeunes compositeurs venus du jazz, trop jeunes pour faire du classique, déjà trop vieux pour le rock’n roll naissant, pondent un mélange étrange de big band et de symphonie, un peu cheap, un peu cheesy, et vont se faire des bijoux de famille en or massif.
Pourquoi ? Tout simplement parce que d’une part ils vont en pondre des mètres cubes, et surtout parce que, d’autre part, ils vont signer de juteux contrats avec les industries du cinéma et de la télévision (et des ascenseurs, certainement), qui va leur commander titre après titre.
C’est ainsi que se sont imposés Percy Faith, Stanley Black, Henry Mancini, et leur grand maître à tous, Paul Weston, le pionnier du genre, à qui le film attribue la paternité du terme easy-listening.
Là où ça devient drôle, c’est que ces bluettes un peu ringardes, totalement inoffensives (ça ne s’appelle pas easy-listening pour rien, hein), vont venir s’accoupler avec le rock 70′s et enfanter de créatures hideuses et chevelues connues sous le nom de soft rockers, et même venir s’acoquiner avec la house naissante des 80′s – réécoutez Pacific State de 808 State, ou les affreux Lighthouse Family, et vous comprendrez – pour donner naissance au chillout, au nu-jazz et toutes ces choses plus ou moins heureuses encore florissantes il y a une dizaine d’années. Ce qui nous pousse à affirmer que l’easy-listening est, quelque part, le grand-père de la chillwave, oui Madame.
Bref, c’est cette histoire du mou, du joli, du un-peu-mièvre, du temps béni où les disques s’appelaient Music For Dreams ou Exotic Percussion et arboraient en couverture des nymphettes en tenues légères, que nous sommes très heureux de partager avec vous.
N’oubliez pas d’enfiler une paire de charentaises, histoire de vous mettre dans l’ambiance. Ah oui, dernière précision: il y a Richard Clayderman dedans. N’ayez pas peur, ça va bien se passer.
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