Vous feriez mieux d'arrêter la drogue et de regarder plus souvent les vidéos de Sculpture. On vous avait parlé du projet audiovisuel de Dan Hayhurst et Reuben Sutherland il y a quelques années de ça, alors qu'ils venaient de sortir un album sur Software. Le duo londonien revient avec un nouvel EP grandiloquent aussi bien à la vue qu'à l'oreille.
Les deux acolytes ont fait du bricolage sur vinyle un rite qu'ils s'attachent à respecter pour ainsi dire chaque nouvelle sortie. En utilisant le même procédé que celui des vieux phénakistiscopes, ils éditent des disques dont les dessins prennent vie si vous suivez à la lettre les explications soigneusement dictées sur leur Bandcamp. Pas besoin d'être doté de prothèses bioniques pour y arriver, il vous suffit d'avoir une caméra décente ou un logiciel de type Imovie, une lampe de bureau et le tour est joué. À défaut d'avoir essayé, on s'est laissés porter par la vidéo qui accompagne Zyprasol, cet EP de deux titres hyperbolique dont on rêve encore la nuit. Odyssée suprasenbible animée par des illustrations kaléidoscopiques, cette dernière prouesse d'image de la part de Hayhurst et Sutherland procure des visions substantielles à un prix équivalant à celui de votre abonnement internet, excempté de toutes séquelles post-défonce. On abandonne les Xanax et autres calmants d'artifices et on active ses stimulus de la manière la plus saine qu'il soit : en profitant des résidus algébriques de cerveaux altruistes et magnifiques.
Si le travail d'orfèvre de Sculpture fait l'effet escompté, c'est pour l'alliage de deux métaux, le second étant la musique (le premier étant la vidéo, vous l'aurez compris). On peut qualifier la leur d'expérimentale, à juste titre et c'est peut-être au sens le plus pur du terme, comme on peut en dire autant d'un groupe comme Matmos. Si le groupe Californien avait choisi l'allégorie de la machine à laver pour sortir leur dernier disque, ce dernier EP de Sculpture nous évoque une odyssée prodigieuse dans un appareil à rembobiner les méninges au shaker, une séance d'électrodes sous un bananier, un karaoké de house fouettée à la crème en bombe... Elles sont électriques et tonitruantes, les dernières tocades de Sculpture. Et font partie des meilleures tambouilles qu'on nous a servi ces derniers mois. On courbe l'échine si bas que la toque nous en tombe.
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