Il y a quelques mois, on avait tenté de comprendre par quel miracle Slowdive avait pu effectuer un tel retour en grâce auprès des fashionistas de la génération snapchat (médaille d'or de la reformation confirmée par leur vaillant album sans titre paru en mai). Bowery Electric de son côté (non ce n'est pas la salle de concerts dans "Buffy contre les vampires"), ne risque pas de faire lever beaucoup de sourcils en 2017. Et c'est bien dommage tant ce trio new yorkais formé dans les premières années des années 1990 sonne bien plus pertinent que tant de tâcherons shoegaze-post machin que l'on reçoit chaque jour que Dieu fait (toujours adressé à des gens qui ne travaillent plus chez nous depuis 3 ans, comme quoi y a pas de secret).
Bowery Electric donc est un duo formé à Manhattan par Lawrence Chandler, élève de la célèbre école Julliard et qui fait ses armes auprès de La Monte Young et Martha Schwendener, musicienne devenue critique d'Art au New York Times. Une fois posé ce tableau vous l'aurez compris, la musique des deux compères a peu de chances de sonner comme Biohazard. Découvert par le déjà très malin label Kranky, adoubé par John Peel, ils sortent trois disques dont le formidable Beat en 1995 avant de splitter bêtement et de tomber dans les affres de l'oubli au début du nouveau millénaire.
Si le fameux article de Simon Reynolds (celui où il inventa le terme "post rock" comme le racontent les sages autour du feu le soir) leur fit une belle pub, Bowery Electric est rarement cité comme un groupe précurseur. A tort, tant leur musique qui alternait beats hip hop, sonorités vaporeuses, vocalises de sirènes, nappes dronesques (le genre musical, pas le magazine que vous tenez entre les yeux) était fichtrement curieuse et défricheuse. Et tiens un petit wiki fact pour briller en soirée: c'est apparemment le premier groupe américain à avoir joué sur scène accompagné par un laptop. Pile poil entre expérimentation et tentation pop, geekerie et approche binaire, Bowery Electric n'a jamais choisi entre le fromage et le dessert. Ce qui si on regarde les choses en face est souvent l'apanage des groupes formidables mais complètement oubliés.