Il y a quelques jours le trio Black Rebel Motorcyle Club refaisait surface avec un nouveau titre: "Little Thing Gone Wild". Pas de quoi frapper un néo-nazi vous me direz tant c'est un classique du genre tel qu'on l'entend en 2017. Batterie sur-compressée, guitare réverbérée, passages singalong à la Black Keys, ce nouveau morceau pourrait être aux Black Angels ce que la série "Marseille" est à "Spin City", soit un lointain cousin, pas très marrant.


BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB - "Little Thing Gone Wild" Static Video

Et puis je me suis rappelé du premier album de BRMC, paru en 2001 et quelque chose m'a pété à la figure: c'est avec ce disque que la plupart du lexique "psych 2000's" a été défini, pour ensuite être repris par toute une pelletée de gamins du monde entier (dont certains enfin guéris de leur phase baby rockers). En 2001, la presse musicale (pas encore sous respiration artificielle), passe une chouette année: c'est le retour du rock: le premier Strokes, les White Stripes etc... Converse s'apprête à revendre un paquet de chaussures et les kids du monde entier à acheter plus de guitare que de platines.  Un groupe se détache du lot avec une collection de morceaux plus évolutifs, moins directs, en descente directe des Doors, de The Jesus & Mary Chains et (un peu) de 13th Floors Elevators. BRMC, trio de San Francisco, mené par un ex Brian Jonestown Massacre, Peter Hayes, (re)prend la place du groupe en cuir noir, qui tire son nom d'un film avec Brando et qui sent très fort la drogue dure. Noel Gallagher en fait son groupe préféré, les anglais adorent, et le groupe part en tournée un peu partout dans le monde, suivant à la trace leurs potes des Dandy Warhols, qui s'apprêtent à rentrer dans la légende (coucou PNL) avec le film Dig.

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Dig, justement, qui sort en 2004 envoie sur orbite les deux groupes qu'il met en scène: les Dandy Warhols, donc, bande un peu agaçante mais qui sait écrire des tubes radios (et se tenir à peu près à carreaux) et l'incroyable chaman asocial Anton Newcombe, l'âme de Brian Jonestown Massacre. Ce groupe c'est justement celui dans lequel Hayes a fait ses armes. Et ce n'est probablement pas un hasard si le premier disque de son groupe (qui est aussi le meilleur) reprend toute une culture (rock, défonce) défendue par son ancien patron en la délestant de toutes composantes de danger et de folie (celles qui menaient clairement Newcombe dans le mur avant le miracle Dig). "BRMC" l'album comprend des moments de grâce, on ne lui enlèvera pas ("As Sure As The Sun", "Whatever Happened To My Rock'n Roll", "Head Up High") mais c'est aussi une jolie version édulcorée de 50 ans de musique de défonce. 


BRMC, le groupe, y définit un abécédaire  qui lisse l'héritage du rock psychédélique, présente un leader aux cheveux (presque) propres, capable de virer son batteur trop bourré. Pile entre la folie clodo de Newcombe et les nouveaux banquiers du rock (Josh Homme, Dave Grohl), Hayes a (peut-être sans le vouloir) nettoyé le rock psyché, ouvrant la porte à toute une génération de groupes qui ont découvert le Velvet sur Itunes et Burroughs sur Wikipedia. 


En 2001, Beta Band, Spiritualized et Mercury Rev sortaient aussi des disques, certains parmi leurs meilleurs, et offraient une autre lecture, beaucoup moins premier degré du psychédélisme. Une preuve de plus que c'est sûrement dans les marges qu'on fait le plus avancer le shmilblick.

Black Rebel Motorcycle Club - "B.R.M.C." (2001) [FULL ALBUM]