L'environnement, c'est le festival: découvrez ÉCHOS en playlist et en interview
Au cas où vous auriez très envie d'escapade dans les jours qui viennent, une option à sérieusement considérer.
22 Juin 2015
Electric Zoï - Live @Bourse Du Travail - 30 03 2013 (extrait) 26:36 Problem (extrait) 10:22 Solo pt3 02:22 ÉCHANGE CANNIBALE - Le 102, Grenoble, France - 1999 09:55 Skeleton Key 07:10 New Jooklo Age - Side + Part 2 04:59 live 05 22-04-14 (extrait) 20:20 ECHOS : Interview de YANN GOURDON 03:48 ECHOS 07:21
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Ça se passe quelque part dans les Hautes-Alpes, à 1000 mètres d'altitude, au pied d'une falaise et de la montagne d'Aujour. C'est sans aucun doute le Festival le plus original auquel vous pourrez vous rendre en France cet été. ÉCHOS le bien nommé entame sa troisième édition à partir de ce vendredi, et au cas où vous auriez très envie d'escapade dans les jours qui viennent, c'est une option à sérieusement considérer.
L'idée tient en trois lignes et c'est une très, très belle idée: le site, habillé d'une ferme associative, se tient face à une immense falaise concave d'une qualité acoustique exceptionnelle qui en fait un outil d'expérimentation fabuleux pour les musiciens qui savent écouter. Conçues spécifiquement pour jouer avec l'écho, trois trompes, dont une en béton et en acier et deux en bois servent de premier instrument pour expérimenter. Chaque année, le festival y invite donc public d'initiés et artistes portés sur la chose sonique, indifféremment issus de la musique expérimentale, de l'ambient, de la musique improvisée et beaucoup plus si affinités.
Cette année par exemple, on pourra y voir la légende Michel Doneda, Lionel Marchetti, les géniaux France ou Le Verdouble, groupe mené par Yann Gourdon affilié à La Nòvia jouer des notes et des échos à même le flanc de la montagne et redonner au terme in situ des lettres de noblesse qu'on commençait un peu à chercher en vain dans les projets ransmédia qui fleurissent chaque année dans les territoires arrosés par les diverses bourses et subventions des bourgs et régions. L'Association Dôme a répondu à nos questions a répondu à nos questions.
Electric Zoï - Live @Bourse Du Travail - 30 03 2013 (extrait)
En préambule, pourriez-vous présenter le site où se déroule le Festival, ce qu'il représente historiquement pour les habitants de la région notamment?
Le festival a lieu à la ferme du Faï, lieu associatif perché à plus de 1000 mètres d'altitude et situé dans le département des Hautes-Alpes. Il est géré par une association, Villages des Jeunes, qui organise des chantiers de jeunes et de réinsertion pour la rénovation de sites patrimoniaux.
La ferme est sur un versant de montagne faisant face à une immense falaise concave et surplombant une petite vallée. En plus de ses qualités acoustiques, le lieu est d'une grande beauté. Historiquement on en sait peu, si ce n'est qu'il a été un fief de résistants pendant la Seconde guerre mondiale, au même titre que l'Abbaye de Clausonne située à proximité. Depuis qu'il développe ses activités associatives, le lieu est devenu assez emblématique dans le paysage local.
Comment est née l'idée d'un festival où des artistes seraient invités à s'y produire?
Tout a commencé en 2012, lors d'une résidence du groupe Insiden à la ferme du Faï. Le vidéaste du groupe, Hugo Saugier, est originaire du coin et connaissait déjà le site. Durant cette résidence, les musiciens du groupe ont pu essayer les trompes brièvement. Le dispositif sonore de la ferme Faï correspondait à leurs centres d’intérêt : la création sur l'instant et pour une acoustique dédiée, la possibilité de sortir du format du concert conventionnel... C'est comme ça que l'idée d'un événement autour de ce dispositif est née. Ensuite, plusieurs personnes ont rejoint le projet pour le rendre réalisable, et aujourd'hui c'est une petite dizaine de personnes de Lyon et Paris qui donnent de leur temps libre toute l'année depuis trois ans.
Comment se fait le choix des artistes invités? La plupart semblent issus d'une certaine école de la musique improvisée et / ou électroacoustique; cette école d'artiste est-elle une évidence?
Si ce sont avant tout des musiciens issus de la scène improvisée et / ou électroacoustique qui ont été choisis jusque-là, c'est que nous fréquentons tous énormément ce type de concerts : on marche au coup de cœur. De plus, la majorité de ces artistes s'intéressent à la spatialisation du son, et tous ont une pratique de l'improvisation qui leur permet de s'adapter au dispositif acoustique de la Ferme du Faï. Par exemple, nous avons proposé à Michel Doneda de jouer à notre festival cette année après un super concert au Périscope : quand on l'a vu se déplacer avec sa clarinette pour chercher les échos de la salle jusque dans les chiottes, on s'est dit que ça marcherai à Échos.
Cela dit, il n'y a pas d'évidence ni de direction fixe dans la programmation ; il nous arrive de proposer à des artistes qui ne sont pas du tout dans une pratique d'improvisation libre, comme Tamagawa lors de la première édition ; simplement, on connaissait bien sa musique et on savait d'avance que ça allait rendre un truc chouette sur les trompes.
Depuis quand le site est-il "réputé" pour ses qualités acoustiques exceptionnelles? Je suis très intrigué par ces 3 trompes géantes qui sont installées en permanence sur le site. Qui les a conçues? Quand? Dans quel but exactement?
Au début des années 90, lors d'une fête à la ferme, un groupe d'acousticiens présent sur place a remarqué qu'en s'éloignant de la source directe (c'est à dire de la sono), on pouvait percevoir des sons renvoyés par la falaise. Ils sont ensuite revenus avec un système son plus puissant, pour mieux percevoir cet écho inouï. En 1994, deux premières trompes en bois couvrant les médiums et les aigus sont construites d'après les plans de Michel Stievenart. Elles sont précisément réglées avec un laser pointant un « œil » dans la falaise, correspondant à la zone vers laquelle le son doit être dirigé pour un renvoi optimal dans le volume de la vallée. Puis, en 1997, la trompe basse faite de béton voilé et d'acier est construite par Jacques Châtaigner et les bénévoles de la ferme. C'est la plus grande des trois, et elle est toujours en place telle quelle. Les trompes en bois ont en revanche bénéficié de plusieurs rénovations pour palier l'usure due aux conditions climatiques (pluie, gel, etc). À l'époque c'était complètement expérimental, et le système des trompes n'est par la suite quasiment jamais sorti de son statut de curiosité, servant assez peu, ou dans un contexte ne lui étant pas spécifiquement dédié.
ECHOS : Interview de YANN GOURDON
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Le Festival existe dans un contexte très particulier: les grands festivals en plein air n'ont jamais été aussi nombreux, et la question ne s'est jamais posée aussi fort de leur impact environnemental. Est-ce qu'il y a un sous-texte militant dans la manière dont vous incitez les spectateurs à prendre conscience de l'environnement dans lequel la musique se déploie dans ce lieu si particulier?
Non, il n'y a pas de sous-texte militant écolo dans le festival Échos, malgré son nom qui peut prêter à des jeux de mots, comme le village du Saix et l'asso-Dôme dans un autre registre ! Cela dit, nous avons délibérément choisi depuis la première édition de ne pas présenter le festival comme un produit à consommer. Les visiteurs commencent par marcher une demi heure dans la montagne, puis doivent trouver un campement par eux mêmes, avoir pris leurs précautions à l'avance (vêtements chauds, lampes, cash, nourriture, boissons, etc) et ne sont qu'à peu de moments mis en situation de confort. De fait, cette responsabilisation implique directement les festivaliers dans la bonne tenue de l’événement et nous avons toujours été agréablement surpris de l'état des lieux au moment du rangement.
Ça vient aussi avec l'idée que l'environnement, c'est le festival. On a créé cet événement de toute pièce pour ce lieu, il ne peut pas se dérouler ailleurs et on a pas besoin d'y ajouter ou d'y modifier quoi que ce soit. Par exemple, on a réfléchi plusieurs fois à mettre en place des installations, des lumières ou de la décoration, mais on est toujours retombés sur le fait que le lieu se suffisait à lui même, et que de le laisser « brut », sans artifices, permettait non seulement de ne pas perturber l'écoute des spectateurs, mais aussi de conserver toute la force de l'expérience et l'authenticité du lieu. Sans dire que l'on milite donc, on imagine que notre façon de concevoir l’événement et la philosophie que l'on y injecte sont des facteurs incitant au respect de l'environnement, et pour l'instant le public nous suit bien là dessus.
ECHOS
07:21
Est-il possible d'inciter un auditeur de concert à prendre conscience de l'importance d'un environnement spécifique (voire plus si affinités) par la spécificité d'un son qui se déploie dans un environnement acoustique particulier?
Si ta question porte sur l'environnement en tant qu'espace acoustique, alors oui, pour nous il est tout à fait possible de faire découvrir à un auditeur l'importance d'un lieu plutôt qu'un autre pour entendre différemment les sons. Pour nous, la beauté du Faï et sa résonance particulière bouleverse les rapports classiques spectateur/scène/spectacle. Dans un concert conventionnel, la situation d'écoute du spectateur nous semble trop souvent contrainte par plusieurs facteurs : la scène, la position des enceintes, l'espace fermé des quatre murs, la durée limitée… et même l'ensemble des habitudes comportementales qui se sont crées autour de cette configuration.
Au Faï au contraire, c'est l’environnement lui-même qui permet d'ouvrir de nouvelles situations d'écoute : le spectateur est libre de déambuler dans la vallée et d'apprécier les différentes résonances suivant sa position. Le fait qu'on ait choisi de laisser l'espace d'Échos totalement ouvert laisse le champ libre au spectateur pour inventer un nouveau rapport d'écoute : par exemple, l'endroit où les musiciens jouent n'est pas mis en valeur en tant que scène ; on ne balise pas de parcours, on n'indique pas de points d'écoute spécifiques... le spectateur est donc forcé de s'emparer de l'environnement. Il faut s'armer d'une lampe frontale et explorer les mouvements du son que provoquent les recoins et les dénivelés du terrain.
Le format d’Échos joue aussi un grand rôle : on a la nuit devant soi pour expérimenter différents lieux et postures pour une écoute tantôt diffuse, attentive, statique ou en mouvement... Il y a aussi des personnes qui ne sont pas directement attirées par la programmation, mais par l'expérience sonore permise lors du festival ; on peut dire qu’Échos agit comme une sorte de cheval de Troie, dans lequel se cachent des musiques difficiles d'accès, qui trouvent lors du festival un terrain d'expression et un public nouveaux. Lors de l'édition précédente, Xavier Charles a produit des sons dont on ne savait plus s'il venait de sa clarinette ou des animaux et de la nature autour : c'est comme s'il avait totalement pris le parti de brouiller les frontières entre sa création et l'environnement dans lequel il se trouvait à ce moment-là.
Echos 2015 se déroulera les 26 et 27 juin prochain. Toutes les infos nécessaires sur le site, la programmation les modalités pour se rendre au Festival sont sur le site officiel: festivalechos.fr
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