En 2012 Maria Alyokhina était arrêtée avec Nadezhda Tolokonnikova et condamnée à deux ans de prison pour avoir joué des morceaux anti-Poutine dans une église moscovite. Relâchée 21 mois plus tard elle partait manifester aux JO d'hiver de Sotchi et finissait tabassée par des cosaques favorables au régime de l'autocrate russe.

Fidèle à sa vocation d'agitatrice constante, la membre des Pussy Riot n'a laissé ni l'une ni l'autre de ces expériences lui faire baisser les armes ou prendre le chemin de l'exil mais a préféré continuer à expérimenter autour des frontières qui séparent l'art et la contestation en participant à la création d'une pièce centrée sur le combat des opposants russes de ces dernières décennies. Créée au Free Belarus Theatre et actuellement en représentation au Soho Theatre de Londres, Burning Door retrace le parcours de Maria Alyokhina mais aussi ceux de Petr Pavlensky, qui s'était cloué les testicules devant le Mausolée de Lénine sur la Place Rouge en 2013 et du réalisateur urkrainien Oleg Stentsov, emprisonné 20 ans pour "implication dans un complot en vue de préparer un acte terroriste" - implication qu'il a toujours niée.



Lors de la création de la pièce, la Pussy Riot déclarait que "le message de cette pièce est le même que le message de notre musique et de nos actes politiques. Nous nous battons contre notre gouvernement oppressif, nous avons simplement échangé les salles de concert pour les théâtres." Et si on lui demande l'intérêt de rejouer les expérience traumatiques qu'ont été son incarcération puis son passage à tabac l'activiste répond : "il est important d'affronter les choses qui m'effraient. De transposer des scènes de ma vie sur scène et de leur faire face 10 fois, 20 fois, pour comprendre jusqu'où je suis capable d'aller".

Conclusion inquiétante d'une interview qu'elle a récemment donnée à i, elle se dit plus inquiète que jamais pour l'avenir de la Russie. "Quand vous sortez de prison et que vous réalisez que votre pays est en train d'en envahir un autre, que pouvez-vous faire ? C'est le challenge de la liberté."