Oddfellows. Un club de gars chelous. Une fraternité de freaks. En voilà un titre approprié. Parce qu'évidemment, Tomahawk est, plus qu'un supergroupe, une congrégation de types tous réputés pour leurs excentricités. Toujours co-leader de The Jesus Lizard, Duane Denison aime s'occuper le weekend en jouant du punkabilly dans le groupe de Hank Williams III. Le grand John Stanier (Helmet, Battles) place sa cymbale ride un mètre cinquante au-dessus de sa tête. Le rêve ultime de Mike Patton est de chanter comme Mario Lanza. Et même le sobre Trevor Dunn ( en dernier parce que fidèle parmi les fidèles de Patton, il remplace l'ex Melvins Kevin Rutmanis au pied levé) combine à l'occasion basse 5 cordes, petit chapeau indien et barbichette. Mais le plus bizarre finalement avec Tomahawk, c'est la musique que les quatre gars jouent ensemble.
Question adressée aux spécialistes: pourquoi 4 pontes de l'alternatif US s'emploient-ils en parallèle d'activités généralement reconnues d'utilité publique à ressusciter le heavy rock mainstream et post-grunge des années 90, quand les guitares étaient condamnées au purgatoire des pédales chorus BOSS et les pochettes des livrets des CD quasi systématiquement éclaboussées de typos gravées au couteau dans des troncs d'arbes et de tâches de couleurs dangereuses pour la santé? J'imagine que même eux n'en ont aucune idée.
Dans la tête de Patton, qui ne peut pas décemment croire courir le succès avec ce genre de musique rincée, c'est sans doute plus de l'ordre de l'exercice de style, à la même échelle et de la même nature que ses revisitations de chansons pop italiennes dans Mundo Cane. Ou alors c'est à cause d'internet, du monde devenu une Bibliothèque de Babel pour de vrai: tout existe déjà quelque part et il suffit d'un instant d'inattention et d'un sachet de drogue mal coupée en studio pour se retrouver, six mois plus tard, à être obligé de justifier les pétages de plomb les plus inexplicables en conférence de presse. Ceci dit, au-delà du wtf, Oddfellows est plutôt magistralement conçu et joué, voire carrément jouissif quand le quatuor s'autorise des détours (rares) vers le rock spaghetti, quelque part entre Earth et le Morricone sentier-de-la-guerre-dans-la-poussière.
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