Rancid vient de pondre un nouveau morceau, et ça s'appelle Fuck You. Je n'arrive toujours pas à croire qu'ils aient mis aussi longtemps avant d'arriver à cette conclusion définitive. En fait, je n'arrive pas à croire qu'il n'existe d'ailleurs pas déjà un morceau du groupe qui s'appelle Fuck You.
Au début des années 2000, en me balladant avec des potes, planches à roulettes sous le bras, une vieille gloire punk bordelaise nous arrête : "Vous êtes des punks 2000 vous? Belle bande de punks 2000...". L'appelation nous avait fait rire. Je pense qu'il avait dû en rire bien plus que nous. De même que toute cette vieille garde punk, survivante des 80's a dû se bidonner à s'en déchausser les molaires lorsqu'ils ont vu débarquer dans leurs Athénées Libertaires ces kids Vans au pieds, sapés en baggies et hoodies, fumeurs de pets', colleurs de douilles et buveurs de bouteilles Heineken par 1,5L.
Il faut leur concéder que le temps aura beau patiner les canons esthétiques et comportementaux de cette frange très précise de punks 2.0 (qui écoute NOFX, Lagwagon, les Satanic Surfers, et de manière générale toutes les merdes assimilées qui sortent sur Fat Wreck Chords, Epitaph, et Burning Heart depuis 95), j'ai peine à voir venir le moment où l'on pourra rétrospectivement regarder cette scène, notamment connue sous cette fabuleuse oxymore de "hardcore mélodique" en se disant, "putain, c'était pas pour rien".
Minables ou pas, dans les lecteurs Minidiscs Sony (je peux pas être plus précis que ça) de ces kids, tournent donc en boucle des albums qui-ne-dépassent-jamais-38-minutes comme Be One With The Flames, Punk In Drublic, Going Nowhere Fast, et qui trainent dans leurs sillons des groupes comme Rancid.
Et effectivement, les gars démarrent en 1991 à Berkeley sur les cendres d'une salopperie revival ska, Operation Ivy, et se retrouvent donc au milieu d'urgentistes aux dents longues comme Green Day et The Offspring qui réaniment le punk avec le concours d'MTV. Un pied dedans, un pied dehors, ces quatre crapules prennent dans la Oï de The Exploited les patches pourris, les ceintures à clous et l'attitute de slackers pétés à l'héro, sans jamais négliger le côté business -on se souvient des pubs de Lars Frederiksen pour la marque de pompes Vision Street Wear, et du Fail épique de Tim Armstrong avec sa croûte pour les champoings Fructis.
Mais peu importe, nos regards d'enfants absolument acquis à la cause (reste encore à définir laquelle...) n'y ont vu que du feu, et ces punks 2000 se sont achetés grâce à Rancid et leur punk débraillé à la double-croche (Let's Go en 1994, ...And Out Come the Wolves en 1995, Life Won't Wait en 1998, Rancid en 2000, Indestructible en 2003), une véritable caution de mecs qui déconnent pas. Pour ça, on les en remercie. Pour ceux qui n'ont pas compris, merci de se référer au titre de leur nouveau single.
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