Le dernier jour de Primavera, c’est comme la dernière ligne droite d’un marathon, il faut oublier le mal de pieds, la mal de dos, le mal de tête : ne rien lâcher sinon c’est la perdition.
Du coup, ni une ni deux, dès 18h, je me mets devant Yuck sous un superbe soleil. De grosses influences 90′s très marquées (Sonic Youth et Dinosaur Jr, pour ne citer que les plus évidentes), certes, mais quand on a des chansons comme The Wall, Get Away ou encore l’épique Rubber, on peut se permettre de faire comme si on vivait encore à l’époque des Raiders et de la Nes.
On reste sur la même dynamique avec Warpaint, et j’abandonne mon sarcasme habituel pour laisser place à un sourire niais tellement c’est mignon tout plein. Même s’il est difficile de ne pas faire la grimace en voyant l’accoutrement plus que douteux de la chanteuse à-peu-près blonde (une salopette patchwork du plus mauvais goût), j’arrive à apprécier à sa juste valeur la douce cold wave des américaines. Entre Composure et le superbe Undertow, quelques nouveaux titres tout à fait prometteurs sont lâchés, avec beaucoup plus d’assurance niveau guitare et c’est tant mieux.
En attendant Gonjasufi, je passe me ravitailler en boisson énergisante près de la grande scène San Miguel où les hippies Fleet Foxes jouent. Et je déguerpis très vite, secouée de frissons d’horreur. Arrivée au milieu de la fosse pour Gonjasufi, grosse déception: nous sommes témoins du pire son qu’il nous ait été donné d’entendre lors de ce festival, ça crache, ça grésille, bref c’est inaudible et je repars désemparée. Je traîne donc des pieds jusqu’à la scène ATP pour apercevoir The Album Leaf, qui ne me captive pas plus de trois morceaux…
Un hot dog aux oignons frits et c’est reparti: Kurt Vile éblouit le public – sans même faire trop d’efforts – en interprétant les perles de Smoke Ring For My Halo tandis que PJ Harvey arrive toute de blanc vêtue sur la grande scène San Miguel. Et nous rencontrons le même problème de son très bas que la veille… Polly Jean, de surcroît, ne fait plus dans le show rock, son nouveau registre se situe davantage dans l’apparition angélique, ce qui me laisse vraiment sur ma faim.
Totalement frustrée par ce concert, je m’en vais me prendre une des plus grosses claques du festival : Swans. Là, il y a du contraste, c’est le moins qu’on puisse dire. Les vieux monsieurs de Swans nous en mettent plein la tronche, Michael Gira en homme d’orchestre mène la baguette avec virilité, je suis conquise.
1h45, OFWGKTA court partout, se jette dans le public les panards en avant… Le tout moins de deux minutes après être monté sur scène. Tout doux les petits, tout doux. C’est rigolo de boire des cocktails à base de sirop pour la toux et de gober toutes les pills cachées dans le placard à pharmacie de maman, mais à force de faire ça depuis le début de leur tournée, l’équipe d’OddFuture ne tient plus tellement la route. Tout est dans la cascade, la démonstration de pirouettes, d’abdominos, mais pas grand chose ne se passe musicalement parlant, d’autant plus que Tyler a perdu sa voix…
Migration rapide du côté d’Animal Collective. Une très bonne initiative. Les animaux sont au complet, Deakin est revenu! Les instruments “à l’ancienne” sont réhabilités : guitares pour Avey Tare et Deakin, batterie pour Panda Bear et claviers pour Geologist. Cela faisait bien deux ans que je n’avais pas aimé un concert d’Animal Collective de bout en bout. Cette nouvelle configuration live est une réussite : finito les passages psychédéliques aux reverbs infernales, ça fait du bien.
Ce dernier paragraphe est un mea culpa. Car, voyez-vous, il y a un an de cela, j’avais vu The Black Angels à la Route du Rock et n’avais pas trouvé ça captivant du tout. Mais The Black Angels à Primavera c’était incroyable. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé entre temps, peut-être ont-ils mieux joué, peut-être que j’étais un peu plus sobre cette année, mais toujours est il que j’ai savouré, comme il se doit, ce live tout à fait – pardonnez-moi l’expression – burné.
Bilan: jour 3, jour de douleurs physiques mais de joies intérieures.
© photo PJ Harvey : Raphael Ankierman
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.