Deuxième jour: 18h sur le site du festival, chez The Drone ça déconne pas. Je m’en vais retrouver Julian Lynch, qui, de manière très décontractée, prépare son entrée en scène dix minutes durant avant de lâcher un « ola » pour rameuter la foule vers la scène Pitchfork. Avec ses amis – coupes aux bols et chemises à carreaux -, il cultive la nonchalance entre deux chansons mi folk mi noise au poil. C’est donc pas bien plus réveillée que je me dirige au bout de la Terre, soit la scène la plus retirée du Festival: Llevant. Là bas m’attendent Matt et Eleanor Friedberg – aka The Fiery Furnaces – et leurs chansons pop démantelées, reconstituées, écrabouillées et recrachées sans une fausse note. En une heure ils balayent toute leur discographie (une dizaine d’Eps et d’albums en dix ans). Exquis.
20h30, l’heure de baisser la tête, la mèche dans les yeux, le poing sur le cœur en écoutant l’électro-lover James Blake. Évidemment, le jeune homme de 21 ans ayant été la coqueluche d’Internet ces derniers mois, c’est une marrée humaine qui s’est réunie devant la scène. Il est donc impossible d’avancer ne serait-ce qu’au milieu de la foule, et James ne peut donc pas voir que je suis la femme de sa vie. De surcroît, la moitié de She & Him, M. Ward, qui joue sur la grande scène à côté, mange sur la voix délicate de notre Anglais chéri. Le brouhaha et la non visibilité m’obligent à quitter le minot.
Voir l’entrée d’Ariel Pink sur scène c’est un peu comme voir Gérard du PMU local après qu’il ait emprunté les vêtements de sa copine Huguette pour le lol: c’est à la fois perturbant et touchant. Ariel Pink fait le show en lunettes de soleil et en k-way bleu électrique. Il déambule – ou danse ? – en chantant, il va même interrompre le début d’une chanson pour aller chercher du feu pour sa cigarette backstage, bref tout le monde en redemande. On nous sert du Before Today à la louche et ce n’est pas pour déplaire aux festivaliers qui s’agitent avec frénésie.
Pour suivre un peu le mouvement et faire plaisir à mes collègues de The Drone, je me mets au milieu du public pour Belle & Sebastian, groupe qui ne m’a étrangement jamais émue alors que je suis le bisounours incarné. À dix sur scène, ils exécutent leurs tubes bien comme il faut, mais le son est très bas, les ballades en deviennent – encore plus – soporifiques. J’enchaîne alors sur le garage cracra girly de No Joy, plus à ma convenance. Entre le public et No Joy : le barrage de cheveux blonds de la chanteuse et de la guitariste. Pas une seule fois nous ne verrons leurs visages, mais peu importe, les deux cousines machines envoient du bois. Les L7 peuvent être fières de leur progéniture.
Et voici venue l’heure de Deerhunter, qui attaque direct à coup de Desire Lines. OK message bien reçu : ça va être costaud. Et la promesse est tenue, Bradford & co ont l’énergie et l’envie de nous ravir. Résultat: le concert de la soirée. Je ne suis pas mécontente d’avoir fait l’impasse sur Shellac, au final.
Devant la grande scène San Miguel, c’est l’invasion, Pulp et Jarvis Coker arrivent sur scène. Et un premier Bim! avec Do You Remember The First Time? en entrée de jeu. Puis déferlement de tubes les uns sur les autres, le public hurle les paroles avec toute la nostalgie qui les habitent, Jarvis donne son blessing à un jeune couple qui vient juste de se fiancer dans la foule, c’est la joie de toute part.
Ce qui me pousse bien évidemment à aller voir Del Rey et son post-rock/noise dépressif. Les potes de Steve Albini sont carrés, entre Mogwai et Fugazi, tout est là pour se laisser enivrer par quelques derniers verres et se faire bousculer par ses voisins de concert.
Jour 2 achevé, Jour 2 jouissif.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.