En voilà un gros dossier.
Si il y en a un avec qui on n'a pas été tendres depuis l'existence de ce site, c'est bien Richie Hawtin. Personalité probablement la plus listée dans notre colonne Shitlist, blondin essuie régulièrement son petit lot de railleries de notre part, que ce soit au sujet de sa passion pour le saké, ses dj sets le cul dans la flotte ou ses glissades sur bouée grenouilles. Il nous aura tout fait.
On a beau se moquer gentiment, mais il fut un temps où Richie s'appelait Plastikman et qu'aucun d'entre nous, petits cons ricanants que nous sommes, n'aurait osé remettre en question l'impact indiscutable de son oeuvre sur la musique électronique. Pas plus à l'époque qu'aujourd'hui, d'ailleurs.
Si on a du mal à imaginer que le Hawtin d'aujourd'hui est le même que celui qui a pondu Artifakts, Consumed ou Closer, ces albums représentent pourtant l'unique raison pour laquelle on prend encore le temps de s'arrêter sur ses élucubrations de DJ star à Ibiza et que surtout, on les lui pardonne.
Car si l'on se permet de glousser, c'est que Richie file de parfaites vacances depuis plus de 10 ans, qu'il parcourt le monde le sourire aux lèvres, dans son avion privé dont les escales sont rythmées par des DJ sets tech-house suffisament dégueu pour être raqués à des prix prohibitifs. C'est un type super heureux et bien entendu, les gens heureux, on a toujours envie de leur taper dessus.
Et puis vient le moment où il ressort un album de Plastikman. Pour de vrai.
EX, qu'il s'appelle. Une commande faite par Raf Simons de la maison Dior, destinée à être jouée dans un gala de levée de fonds au Guggenheim, devant un parterre de gens blindés coupette à la main et un énorme monolithe lumineux. Paye ton ambiance.
L'edition limitée de l'album est fournie avec le Subpac, un espèce de sac à dos qui envoie des vibrations dans le dos pendant l'écoute.
Et c'est forcèment là où le bas blesse. Nombreux étaient les fans de la première heure qui attendaient ce retour aux affaires et ainsi fêter le grand pardon avec Richie, autour d'une copieuse planchette de buvards. Mais force est de constater que l'Acid laisse un goût amer. Cet album, qui n'est que l'enregistrement du live au Guggenheim donc, doit plutôt être considéré comme un projet musical en forme d'hommage à Plastikman, à défaut d'un prolongemement d'une discographie stoppée en 2003.
On retrouve absolument tous les gimmicks des disques précédents sur ce dernier, executés de façon prévisibles, à la limite du pastiche et animé uniquement par le désir de répondre fidèlement à la commande (caprice?) de Raf Simons qui devait être à peu de choses près: "Fais péter du Plastikman dans ma sauterie au Guggenheim". Promesse tenue, le brief est respecté.
On sent bien que ce disque n'aurait jamais vu le jour sans le projet global qui l'entoure, qu'il n'y a rien de plus facile pour Plastikman que de faire du Plastikman, à la va vite sans chercher à être brillant mais en faisant juste en sorte qu'on reconnaisse sa signature. On est dans les clous, on livre en temps et en heure, pour la magie on attendra.
Ce disque n'est pas plus honteux qu'il n'est à chier. Il n'est qu'un outil, un rouage de la machine, un pretexte en forme de fond sonore destiné à accompagner des projets finalement plus importants aux yeux de Richie Hawtin que sa période Plastikman. A savoir les grands galas huppés, le monde de l'art contemporain, la mode, les monolithes lumineux et les sac à dos qui vibrent.
Ce cher blondin est bien placé pour le savoir: au fond, les albums de Plastikman sont tellement liés à l'époque et à la technologie qu'un disque de plus en 2014 est parfaitement inutile. Le seul interêt et pas des moindre, qu'on peut lui trouver, c'est qu'après l'avoir écouté, on a tout de suite envie de se replonger dans les précedents.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.