En 1960, le professeur Timothy Leary n’est pas encore “l’homme le plus dangereux d’Amérique”, comme le qualifiera plus tard Richard Nixon, mais un simple chercheur de Harvard, dont la particularité est de se focaliser sur un projet bien spécifique: le Psilocybin Project, dédié à l’étude des effets de la psilocybine – le principe actif hautement hallucinogène contenu dans les champignons de la famille des Psilocybes – sur les humains.
Allen Ginsberg, pour sa part, est déjà célèbre. Son poème Howl et ses références à peine voilées à l’homosexualité avaient suscité à la fois l’intérêt et la colère de l’Amérique des années 50, et c’est tout naturellement qu’il s’était retrouvé bombardé fer-de-lance de la génération beat naissante. Revenu d’un premier trip psyché au Mexique, Ginsberg se prend de passion pour les expérimentations de Leary. Ce dernier, conscient des nombreuses portes que le beatnik barbu peut lui ouvrir, lui propose alors une collaboration.
C’est cette histoire que raconte White Hand Society: The Psychedelic Partnership of Timothy Leary & Allen Ginsberg, le dernier livre de Peter Conners, paru aux Etats-Unis à la toute fin 2010. On y découvre comment Ginsberg introduit Leary dans ses cercles artistiques, le faisant notamment rencontrer Burroughs, de Kooning et – bien évidemment – Kerouac.
Grâce à de très nombreux documents (lettres, rapports d’études) appartenant aux deux hommes – décédés à la fin des 90′s -, mais également par le biais de rapports du FBI, Conners retrace cette union entre le mouvement psychédélique et la florissante counter-culture ricaine. Un extrait en libre accès circule sur le web. On y découvre notamment la rencontre entre Leary et Kerouac, ou comment le grand auteur beat, déprimé par la récupération de son boulot par Hollywood et confit dans l’alcool, fait faire au chercheur son premier bad trip.
La lettre, par laquelle débute l’extrait, adressée par Leary au jazzman Thelonious Monk vaut également le détour. Par ailleurs, tant que l’on en est à évoquer la mémoire d’Allen Ginsberg, notez la sortie en DVD de Howl, le film que Rob Epstein a consacré au poète – et notamment au procès en moralité que lui a valu son fameux texte en 1957 – avec James Franco dans le rôle principal. Très remarqué à Sundance et au festival de Berlin, Howl n’a toujours pas de date de sortie prévue en France.
”Moloch! Solitude! Filth! Ugliness!”, comme on dit.
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