Que ceux qui le pensaient fini, dépassé, émasculé tel un gros chat eunuque et voué à ne plus faire parler de lui que par la voix de l’Inspecteur Tutuola se rassurent: Ice-T fait encore peur. En tout cas, il fait peur au gouvernement hongrois. Une radio de Budapest a eu le malheur de diffuser It’s On – tiré de l’album Home Invasion de 1993 -, dont les lyrics certes assez peu tendres (“It’s on motherfucker and you can’t turn the shit off/Catch you in the streets and your ass’ll get tossed“) ont très fortement déplu à la toute nouvelle Autorité nationale des médias et des communications (NMHH).
Du coup, pour la radio en question, l’ambiance est moyennement détendue, puisqu’elle est sous le coup d’une enquête. Ses dirigeants ont eu beau assurer que la plupart de l’argot employé par l’Ice-Berg dans It’s On n’allait certainement pas parler aux auditeurs locaux, ils vont très certainement ramasser un joli PV.
Car, depuis quelques mois, la Hongrie a décidé de resserrer un peu la vis niveau liberté de la presse. D’où la création de cette fameuse NMHH, intégralement composée de membres du parti majoritaire hongrois, le Fidesz, et dirigée par Annamaria Szalai, proche du riant premier ministre Viktor Orban. Le lancement de ce super-CSA s’accompagne de la promulgation d’un texte de loi visant à préserver “l’intérêt public, l’ordre public et la morale”. Les médias qui ne suivraient pas cette ferme injonction à ne pas trop l’ouvrir peuvent se voir gratifier d’une amende allant de 91.000 euros pour la presse écrite à près de 700.000 euros pour les radios et télévisions.
Les journalistes peuvent être en outre sommés de livrer leurs sources, voire de soumettre leur papier à la relecture avant publication si la NMHH le leur demande. Les récalcitrants, vous l’aurez compris, récolteront les amendes évoquées plus haut. Là où ça devient très drôle, c’est que pour pouvoir contester lesdites amendes en justice, les journaux/radios/télés touchés devront d’abord les payer. Autant dire, pour beaucoup de titres, mettre la clé sous la porte. Le tout fait un plutôt joli tableau à l’heure où la Hongrie assure la présidence tournante de l’UE.
Et Ice-T, nous direz-vous ? Il est ravi, forcément, de voir le merdier que sème ce que la blogosphère hip hop a rebaptisé le Ice-T Gate. “J’adore ça ! Le monde a encore peur de moi“, a-t-il lancé sur Twitter. Ca aura au moins fait un heureux.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.