1971 : au terme d’une dernière tournée européenne pas terrible, au cours de laquelle il ne juge pas utile de prononcer plus d’une phrase ou deux, le pianiste américan Thelonious Monk se retire du jeu. Pas longtemps après, il se retire tout court à Weehawken, en face de son Harlem natal, dans le manoir de Pannonica, son amie aristo. Il n'en bouge plus de toutes les années 70, ne joue pas non plus et finit par y mourir en 1982.
1954 : Le vibraphone de Milt Jackson laisse flotter quelques notes, et introduit comme ça un des plus fameux moments du jazz. Un peu avant la deuxième prise du standard "The man I love" , le jeune Miles Davis a commis l’irréparable : demander à Monk, qui l’accompagne, de bien vouloir ne pas jouer pendant son solo. Un vœu accordé par le Harlémite, qui s’arrête aussi de jouer au milieu de son propre solo, pour la peine. Résultat : cassure, frictions et tensions dans le swing, toujours audibles six décennies plus tard. Sous la grille d'accords, c’est un peu la guerre.
2017 : Excellente nouvelle pour les fans du compositeur de Brilliant Corners. Quelqu’un, quelque part, a retrouvé des séances inédites de ce pianiste mythique à la parole rare, et s’est donné la peine d’en faire un disque. On ne parle pas d’un vieux live crade immortalisé depuis le fond de la salle, mais d’une quinzaine de titres (pas d’inédits, faut pas exagérer) enregistrés en studio, à New York, en 1959, joués par les fidèles (Charlie Rouse, Art Taylor et Sam Jones) au moment où sa carrière est enfin sur le point de décoller - commercialement - après des années de galères rocambolesques utiles pour la légende et moins pour la sérénité de l’esprit.
Le label Sam Records a retrouvé tout ça dans les archives du saxophoniste français Barney Willen, présent aussi. C’est la bande son, jamais sortie en disque, des Liaisons Dangereuses 1960, adaptation hip du roman de Laclos par Roger Vadim, surfant sur la vague jazz et cinéma français. "Crepuscule with Nellie", "Well you needn’t", "Rythm-a-ning", les classiques du pianistes sont bien là, et forment la matière d’un double vinyle qui sortira le 29 avril. Le fait que les 5000 exemplaires pressés soient déjà tous vendus ne nous a pas dissuadés de partager la nouvelle. D'ailleurs il y a une poignée de liens sur le site du label, c'est toujours ça de pris.
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