A priori, une expo de photo en plein cœur de San Francisco, soit à environ 6.000 kilomètres de nos pénates, ne présente pas grand intérêt pour nous.
Sauf que, pour le coup, on vendrait bien un rein, rien que pour se payer l’aller-retour. Parce qu’avoir l’occasion de voir les tirages originaux des meilleurs clichés de Glen E. Friedman, ça a de quoi en faire saliver plus d’un.
Vous ignorez peut être son nom, mais vous avez sans doute déjà croisé son travail. Et pour cause, ce type a eu le flair – ou la chance – d’assister, appareil en main, aux débuts de la plupart des mouvements culturels américains les plus passionnants de ces 30 dernières années.
Le skate, tout d’abord. Ado, dans le L.A. de la fin des 70′s, il traîne à Dogtown avec la bande des Z-Boys. Ses potes les plus talentueux – Jay Adams, Tony Alva ou Stacy Peralta, pour ne citer qu’eux -, commencent alors à attirer les journalistes, et surtout les photographes. Mais les images qui ressortent de ces premiers contacts ne plaisent pas à Friedman.
Il repère alors une série de jardins dont les piscines sont abandonnées, rameute ses copains, et commence à les shooter en action. Le résultat, impressionnant et fondateur (le “style Friedman” est devenu un classique des photos de glisse), va retenir l’attention des magazines spécialisés, SkateBoarder en tête, qui commencent à le publier.
Quelques années plus tard, Friedman s’est intéressé à une autre révolution culturelle, liée de près au skate: le punk hardcore. Pote avec Black Flag, il leur tire le portrait à répétition, ainsi que celui de leurs collègues de tournées. Parmi eux, quatre petits blancs-becs de Washington retiennent son attention. Il s’agit de Minor Threat, avec qui il commence à bosser et dont il signe le cliché le plus fameux: les quatre assis sur le porche de la maison de Maman MacKaye.
Classe, un peu, non ?
Mais ce n’est pas fini. Non seulement Friedman va garder un oeil sur le petit Ian, et enchaîner les shootings avec son nouveau groupe, Fugazi (regroupés dans un magnifique bouquin sorti en 2007, Keep Your Eyes Open), lancer la carrière de Suicidal Tendencies (dont il est le manager), mais il va aussi trouver le moyen de documenter l’émergence d’une nouvelle culture – oui, encore une – : le hip-hop.
Dans les années 90, il entame une collaboration avec Rick Rubin et Russell Simmons, qui viennent tout juste de créer leur label, Def Jam. Encore une fois, Friedman va multiplier les images cultes de Run DMC, Public Enemy, Ice-T et compagnie.
Depuis, il s’est un peu calmé et s’est concentré sur la publication de son imposant boulot, avec un petit coup de pouce de son pote Shepard Fairey.
Fuck You All retrace toute cette histoire. Si vous avez la chance d’aller sur la côte ouest des States avant le 31 décembre, n’hésitez surtout pas à faire un détour à la 941 Geary Gallery.
Ci-dessous, un mini-docu réalisé à l’occasion du passage de Fuck You All par Dublin en juillet, où Friedman himself explique son parcours.
Sinon, quelqu’un a un plan pour vendre un rein ? Juste au cas-où.
Via NewWaveHooker.
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