On vous parlait de Sister Iodine la semaine dernière, en vous disant que le groupe français provenait d'une coulée rock d'avant garde des années 90 qui mériterait bien d'être rééclairée. Car si leur nouvelle renommée permet de (re)découvrir une chose, c'est que la musique française à guitares n'était à l'époque pas seulement représentée par cette chose assez affreuse qu'on appelait alors le rock alternatif - vous savez, la Mano Negra et tout ça.
Si Ulan Bator ne fait pas exactement partie de la même frange que Sister (sa musique a radicalement changé au fil des années), son cas est à considérer d'au moins aussi près, dans le sens où le groupe parisien pratiquait lui aussi une forme de rock dur, jusqu'au-boutiste et belliciste qui n'avait pas grand chose à voir avec les atermoiements hexagonaux de type poète maudit, troubadours des caves ou chansonniers en goguette qui pullulaient alors. On appelait ça du post-rock, le terme englobant alors plus ou moins toutes les formes de musique à guitare un peu hardie et expérimentale - vous voyez que c'était un autre espace-temps.
Le premier album éponyme d'Ulan Bator, paru en 1995 et réédité aujourd'hui en vinyle chez Jelodanti Records, permet de se pencher sur une époque où des labels comme Les Disques du Soleil et de L'Acier pouvaient sortir des disques de Pascal Comelade, Jac Berrocal et Keiji Haino, et n'avaient pas à rougir de la comparaison avec l'Internationale souterraine expérimentale. Primitif, tribal par endroits, lourd et presque solennel, le disque se détache assez nettement du reste de la discographie d'Ulan Bator, et préfigure dans un certain sens les assauts déconstruits de Godspeed (apparu à peu près à la même époque). Par la suite, Ulan Bator a sorti des tas de disques (et continue aujourd'hui de tourner et de produire des albums à un rythme soutenu), a collaboré avec Faust, et a radicalement changé de braquet pour produire une musique beaucoup moins hostile que les trouées furieuses de ses débuts. L'écoute de ce premier disque, brutal, sauvage et indiscipliné, n'en est donc que plus précieuse.
Le premier album d'Ulan Bator a été réédité le 30 novembre chez Jelodanti Records. Vous pouvez le commander ici.
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