Cas rarissime de metempsycose musicale consentante, Ivan Pavlov a fait volontairement toute sa carrière dans l'ombre d'un Géant: Peter "Sleazy" Christopherson, belle âme de Throbbing Gristle et du plus crucial duo électronique à avoir émergé des souterrains de la musique industrielle anglaise, Coil.
Pas que sa propre musique calque proprement celle de Christopherson - Pavlov a sa propre patte qui se reconnaît entre mille sur la trentaine de disques qu'il a sorti depuis la fin des années 90 - mais il y a quelque chose d'un très émouvant transfert d'âmes qui semble s'être opéré entre le maître et le padawan. Leur seul vraie collaboration, Soisong, ressemble d'ailleurs moins à la somme de deux univers de son qu'à l'exploration collective d'un nouvel inconnu, comme si les deux artistes avaient les arrière-pensées trop entortillées pour étendre ensemble le territoire de l'un ou de l'autre. Bref, on est très lyrique mais comme le savent bien tous les fans du groupe, il est toujours difficile d'aborder un bout de texte ou de musique qui a quelque chose à voir avec Coil en s'en tenant aux champs lexicaux de la musique et de l'art. Ce qui est certain, c'est que le legs de Coil vit plus fort chez Pavlov que nulle part ailleurs dans la musique électronique contemporaine.
Inconsolable depuis la mort de Christopherson en 2010, le Russe a d'ailleurs passablement ralenti le rythme des parutions des items de son projet CoH: en 2011, on n'a eu droit qu'à un seul hommage funeste aux diverses incarnations du metal extrême, IIRON. Un peu plus d'un an plus tard, ce "Bugs Build a House" semble presque guilleret en comparaison. Du CoH pur jus dans la forme et dans les matières, le morceau lâche le mode mineur pour des séquences mélodiques jolies et chaleureuses, comme on n'en avait pas entendu de la part de Pavlov depuis son 0397 Post-Pop de 2005. A l'image du titre-programme joliment paradoxal de l'album dont il est tiré (Retro 2038, si vous voyez où il veut en venir), c'est surtout de la musique électronique sans âge, qui aurait pu sortir à peu près n'importe quand entre 1982 et il y a deux heures. Il va sans dire que tous les amateurs de synth pop, d'ambient et, euh, de Coil seraient bien avisés de tenter le coup.
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