En lisière de Brooklyn, à quelques kilomètres à peine des bars à hipsters new yorkais, s’étend le quartier d’East New York. Là bas, pas de pop tropicale ou de noise intello, la moitié de la population – à majorité afro-américaine et hispanique – vit sous le seuil de pauvreté et subsiste grâce aux aides de l’Etat. Zone sinistrée par définition, le coin donne forcément envie à la jeunesse de crier parfois un bon coup, mais pas nécessairement de la même façon que le fait Cerebral Ballzy.
Les cinq jeunes punks – 21 ans de moyenne d’âge – le reconnaissent volontiers, ils n’ont “rien à foutre ici“. Cela dit, malgré les raclées et les regards en biais, ils ne sont pas décidés à lâcher le moyen d’expression qu’ils se sont appropriés: le hardcore pur jus, directement ressorti des 80′s. Mixité des couleurs oblige, on leur ressort assez facilement la comparaison avec les Bad Brains, même si leurs préférences personnelles vont plutôt aux Dead Boys et au Black Flag de la grande époque, période Damaged et bastons avec le public.
Si picole, drogues en tout genres et coups d’un soir sont les principaux moteurs de ce petit gang, il y a tout de même un peu de matière derrière la pellicule un peu grasse dont se drapent, avec toute la fanfaronnade de l’adolescence, ses membres à peine adultes. Difficile d’oublier complètement d’où on vient, surtout lorsqu’on y retourne tous les dimanches pour répéter, et que l’on revit ainsi cette “gnarly shit” (“merde extrême”, à peu de choses près) qui leur sert de quotidien.
L’autre grand atout du groupe, c’est son ambition. Absolument peu désireux de se voir cantonné à la microsphère hardcore, Cerebral Ballzy lorgne vers un public plus large. Un calcul pertinent, semble-t-il, si l’on en croit son public, où les hipsters – tiens, donc – semblent dominer en nombre les fans traditionnels du punk à 180 BPM.
Avec seulement un EP – You’re Idle, et sa fameuse pochette en grip – et un single – l’excellent Insufficient Fare -, le groupe a déjà réussi à conquérir la hype, à traverser l’Atlantique et à susciter l’intérêt des grands frères, Rick Rubin et The Death Set en tête. Ne manque plus qu’un album pour aller foutre le bordel dans tous les stades du monde. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
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