FESTIVAL CRAK: du 21 au 23 septembre à Paris


Un producteur anglais habitué de Raster Noton et Mille plateaux, Mark Fell, fait équipe (voir le carillon magico-numérique ci-dessus) avec un percussionniste free ; Will Guthrie. Une musicienne hante le répertoire contemporain et s'improvise un chemin avec sa voix et son piano à bretelles ; Claire Bergerault. Un lieu sacré à l’atmosphère irréelle, situé une dizaine de mètres au dessus de la chambre de projection de l’IRCAM, fermée pour cause d’amiante, qui a su s’imposer comme un lieu vital de la musique de création... on trouvera tout ça en ouverture de l’excellent et lunaire Festival Crak, qui commence ce soir à l’église Saint Merry.


Pour le programme complet des trois jours du festival, c’est par ici. On vous laisse sur un mot d’Eddie Prévost, batteur, fondateur d’AMM et figure de l'improvisation libre, présent samedi soir, dont le jeu poétique et serein, un peu oxymorique – drone percussif, à la louche – illustre sans doute pas trop mal l’esprit utopique de l’événement : « Loin d’être une négation de l’individu, le groupe {…} permet à chacun de s’exprimer sans avoir peur d’être subordonné ou exploité. Les musiciens peuvent, de temps en temps, partager une immersion dans un monde sonore, tout en étant au même moment libre de poursuivre leurs trajectoires individuelles. Il n’{est} pas rare pour les musiciens de se demander qui ou quoi {produit} tel son particulier, de s’arrêter de jouer, et de s’apercevoir qu’ils en {sont} eux-mêmes responsables ».

Mark Fell / Will Guthrie - BERLIN - edit

KLARA LEWIS: "US"

Alors certes, Too, le deuxième album de Klara Lewis est sorti il y a un peu plus d'an, mais une performance prochaine au Lausanne Underground Film & Music Festival

est une bonne raison de se re-pencher sur le cas de cet artiste sonore, adepte d'une dark ambient aux contours chaleureux, qui s'imposerait presque comme le plus court chemin entre Alva Noto et To Rococo Rot. A noter que Klara Lewis se produira avec son père, Graham Lewis, également signé chez Mego et bassiste émérite (on l'imagine) de Wire.

Klara Lewis 'Us' (EMEGO 210)

BYRON WESTBROOK: "What we mean when we say body langage"


Avec son nouvel album à paraître le 13 octobre chez Hands In The Dark, Byron Westbrook s'éloigne des terres ambient pour titiller une sorte de drone music psychédélique aux contours digitaux. Si vous pensez Cluster en son binaural, vous n'êtes probablement pas très loin. 


BYRON WESTBROOK - What We Mean When We Say Body Language

RAFAEL ANTON IRISARRI: "RH Negative"

Décrire en musique le climat socio-politique troublé actuel dans des pièces instrumentales: c'est le défi que s'est fixé Rafael Anton Irisarri, basé à New York. Ici on peut saluer l'effort tant il est réussi. Difficile d'y distinguer hard et softwares et c'est probablement cette impression de magma sonore qui crée l'émotion. On remercie une fois de plus Umor Rex pour cette sortie disponible depuis le 25 août.

Rafael Anton Irisarri — RH Negative

LUNAR ERROR: "Sêlêne"


Il y a quelque chose qui plane sur les dernières sorties de Becoq : un nuage de feedback qui s’échapperait en toute indépendance des amplis des musiciens du label pour onduler dans l’espace avec des gestes de danseur lent. S"élène", c’est à peu près ça : une longue improvisation collective au cours de laquelle une dizaine de musiciens (l’ensemble Lunar Error) à la gestuelle soigneusement mesurée s’étourdissent dans les vapeurs de l’amplification. Gongs, harmonium, saxophones, clarinettes, Gangsa Gantung, guitares et autres participent à ce voyage vers la lune dans un grand élan de retenue collective qui fait plaisir à entendre ; soit une demie heure d'apesanteur et de cahots dans l’espace vécus depuis le cockpit exigu d’une capsule Apollo ou d’un obus tiré dans un film de Méliès. Et c'est vrai qu'à dix là dedans, vaut mieux bien s’écouter. 

GOLDEN ORIOLE : "S/T"


Toujours chez Becoq, le premier album de Golden Oriole sort le 25 septembre. Dans "The approaching of the disco void", le morceau au titre prometteur qui ouvre le disque, le duo norvégien exploite tous ses talents. La distribution des rôles se fait de la manière suivante : sous un ciel bruitiste ou s'agitent grands vents, larsens, plaintes de sirènes, une basse de bûcheron s'apprête à se tailler un chemin dans la forêt de percussions qui prolifère à ses pieds. S’en suit un Ragnarok épique plein de bruit, de fureur et de riffs tranchants assaillis par des breakbeats infatigables. Ni résonnance, ni consonance, mais tronçonnance radicale et funky pour forestiers ensauvagés.

YYELOW: "Averan"

Yyelow est le projet d'un français exilé à Londres, dont l'album Henri hommage à son grand-père décédé. Le résultat est une jolie collection de morceaux electronica baigné de field recordings et de piano reverbéré, rappelant forcément un peu Mark Hollis. Ca tombe bien puisque ce "Averan" emprunte un extrait au "The Colour of Spring" de l'anglais. Pas vraiment expérimental donc, mais définitivement intrigant.