The Martha's Vineyard Ferries: She's a Fucking Angel (From Fucking Heaven)

Vous avez sûrement remarqué l'ombre d'Africantape traîner ses guêtres ici et là dans les pages du Drone, tantôt pour un album d'Electric Electric, tantôt pour un stream de Papier Tigre ou des cavalcades exotiques de Papaye. Le label de Julien Fernandez - batteur bicéphale de feu (?) Chevreuil et Passe Montagne - a cela d'aguichant qu'il n'a jamais rien édité sinon de très beaux albums, et somme toute dans une cohésion qui ne fait sens que dans la tête de son fondateur.

Dans le jargon technique, on appelle ça la méthode Syd Barrett : une trajectoire imprévisible esquive l'ennui et stimule les sens. Avec Africantape, c'est exactement la même chose : impossible de prévoir ce que le gars nous réserve. S'il fallait vous soumettre un exemple, on pourrait dire qu'en mars dernier, alors que l'on attendait un énième cédé de noise-rock taillé au gourdin, Africantape sortait sans crier gare un album de jazz dynamité planté tel quel entre du hip-hop déglingos (Alexis Gideon) et les frasques mathématiques d'Electric Electric. On profite d'ailleurs de ce post pour vous rappeler que le label fête son cinquième anniversaire cette année.

Et ce matin, au bureau, c'est encore une fois le même bordel. Parce qu'au moment ou on s'apprêtait à beugler haut et fort - index tendu vers le plafond, yeux rivés vers l'infini du terrain en friche de derrière mon ordinateur - qu'Africantape , c'est le label des albums "complexes et insondables", on se fait servir deux minutes d'une belle autoroute rock gorgée de vitamines C, une légère brise de nostalgie roulant dans le fond de l'air, bras vautré sur la portière d'une Laguna décapotable sur fond d'horizon en lo-fi. Le lecteur kassette indique "She's a Fucking Angel (From Fucking Heaven)", tiré du prochain album de Martha's Vineyard Ferries - tout juste amarré au label - avec Bob Weston (Shellac, Mission of Burma), Chris Brokaw (Comme, Codeine) et Elishah Wiesner (Kahoots). Un extrait tout frais juste là.