La chanson d'amour contrariée est une étape fatidique de la pop sentimentale (tout comme l'est la rupture dans le couple), laquelle, on le sait, s'écrit historiquement au passé et en mélancolie. Alors quand Thundercat choisit de traiter son spleen exclusivement à l'aide de coussins péteurs et de blagues de tonton attaqué au rosé sur son nouvel album Drunk, on se montre de prime abord circonspect. Le disque, qui parle de masturbation et de sushis, de soûleries douloureuses et de son chat Tron, n'hésite pas à convoquer les pontes du rock FM à papa Kenny Loggins et Michael McDonald sur un morceau ("Show You The Way"), les gars sûrs du hip hop rassembleur Kendrick Lamar et Wiz Khalifa sur d'autres ("Walk On By" et "Drink Dat"), lesquels amènent d'ailleurs un poil de rudesse bienvenue à un album à ce point trempé dans le miel et la gaudriole.
Alors, on a bien compris que le jazz fusion aquatique de Thundercat était bien plus complexe qu'il n'en avait l'air, qu'il était à la fois sucré et aride, cosmique et impudique, gouailleur et rembruni. Mais s'il cherche par endroits à peine à cacher une angoisse sociale et existentielle profonde (lui-même avoue dans une interview avec Fact en tant qu'homme noir, s'il rie, c'est avant tout pour ne pas sombrer dans le désespoir) et une véritable personnalité borderline, on se dit que ce ne serait pas plus mal s'il pouvait tout de même parfois descendre deux secondes de son manège - ou de son "vélo interstellaire", comme il le chante sur "Jameel Space Ride".
À noter que Thundercat passera le 30 mars à Paris au Trabendo. Son nouvel album Drunk sort aujourd'hui sur Brainfeeder. Il s'écoute en entier ci-dessous via Spotify :
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.