Ce qui est chouette avec Siriusmo, c'est qu'il est si doué qu'on veut tout lui pardonner. Débarqué du graffiti et de la faille de l'urban music teutonne, habité d'un sens de l'humour vraisemblablement pas si éloigné de celui de Stupeflip, le mec est pourtant capable de tout sublimer, turbines avec cymbales écrasées, pompes éhontées de Oizo ou Jackson ou tracks d'acid jazz chantées en Allemand.
De fait, Moritz Friedrich est si bon quand il est bon que tous ses laudateurs même les plus snobs (ceux qui ne parlent que de paires de sneakers à 270 euros, ceux qui n'écoutent que de la deep house en cassette, ceux qui bossent chez The Drone) sont prêts à oublier tout ce qu'ils ne tolèrent pas une milliseconde chez les autres, délires brostep viriles, chapeau rigolo ou lâchages ragga théâtre de rue pas si éloignés de l'enfer esthétique des Puppetmastaz. Ainsi Mosaik, son premier album sorti il y a deux ans, était un purgatoire du bon goût, dont la formidable moitié pop-prog-qui-chatouille peinait un peu à éclipser la vilaine moitié gros beat qui tabasse.
"Itchy", premier aperçu souriant de son Enthusiast à sortir en juin, est heureusement à ranger dans la catégorie délicate et cutesy (fudge mélodique, bidouilles aimables, kit de batterie adorable) de son catalogue. La moitié gauche de notre cerveau espère très fort que tout l'album soit comme ça. La moitié droite, plus raisonnable se dit qu'un disque de Siriusmo intégralement classe qui ne sentirait pas un peu l'essence de térébenthine ne serait pas tout à fait un disque de Siriusmo.
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