Crédit photo : Pauline Hisbacq
Ça fait des années qu'on tente de comprendre quelque chose au lien étrange qui unit le noise (le vrai, celui qui fait mal aux gencives et aux pupilles) à la dance music (la vraie, celle qui fait danser les garçons et les filles). A chaque fois que Pete Swanson, Powell, Regis ou Evol sortent un truc, c'est le même mystère esthétique qui resurgit. Sans doute que beaucoup de gens du noise ont passé du temps dans les raves, sans doute que les gens de la techno ont tous un souvenir ému dans le coin de la tête d'un PA poussé à 11 qui transformait tous les morceaux joués par le DJ déchiré en une sublime boue abstraite de beats et de saturation - il n'empêche que ce qui se passe dans la tête des musiciens qui tentent la jonction reste un gros nuage de fumée.
Maxime Denuc, de son côté, traficote du côté de cette musique crossover qui ne dit pas son nom depuis quelques années avec le duo Plapla Pinky, dont la dernière livraison tirait un trait d'union, rappelez-vous en, entre la rave du samedi soir et la messe du dimanche matin. Dans Zomerliedjes, le premier disque de son projet NL, il extrapole dans tous les sens (volume, fréquences, intensité, émotion) la dance music hollandaise maximaliste des années 90 tout en imaginant une errance le long des plages bétonnées et infinies de la Mer du Nord et on est encore une fois rendus à notre perpléxité esthétique. Où va ce noise là ? Pourquoi la dance ? Pourquoi cette mélancolie ?
Dès la première seconde du premier morceau, il sautera aux oreilles des plus distraits que la dance est plus là en fantôme qu'en musique : la saturation est brutale et l'assaut sonique sans concession. Il vous faudra donc gratter un peu la croûte de bruit pour reconnaître la cohérence poétique du projet et de sa réalisation. Denuc évoque succinctement dans sa présentation de son disque la texture "de sable et de béton" des littoraux d'Europe du Nord, et il faut reconnaître qu'au niveau moléculaire et dans la qualité des émotions (entières, osées, quasi kitsch), c'est très ressemblant. Le harsh noise comme technique de peinture naturaliste ? C'est moins aberrant que ça en a l'air.
Zomerliedjes est disponible en téléchargement gratuit sur le site de Choral.
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