J'ai retenu un seul mot dans la très lacunaire bio de Low Jack : "bonimenteur". Souvent, je me dis que le bonimensonge (ça existe, ça, bonimensonge?) est la meilleure arme qui s'offre au producteur de dance music qui débute dans le Monde. Il faut se vendre coco. La musique, c'est bien sympa, mais tout le monde en fait et c'est pas ta collection de machines vintage qui va te faire passer direct en une de Fact ou Resident Advisor, surtout si t'es pas né à proximité de Versailles-Chantiers.
Sur Low Jack, du coup, on ne sait quasiment rien, mais plusieurs machins dans son premier maxi qui sort ces jours chez Get The Curse nous poussent à croire qu'il est déjà un excellent VRP de lui-même. Il y a son blase, qui selon Urban Dictionary désigne à la fois l'anneau électronique que les petites frappes assignées à résidence aux Etats-Unis portent à la cheville et "l'acte de recevoir un handjob d'un nain ou d'une personne de petite taille". Ensuite il y a le titre en forme de manifeste, doublé sur la face B d'un track complémentaire qui s'appelle explicitement "The Manifest". C'est entendu, plus la house roule lentement, plus elle est classe, plus elle est sexy, plus elle est crédible. En faire un manifeste, c'est presque se garantir un passe-droit à vie aux house parties de Serge, à Rotterdam, ou la bande Dirty à Paris. Enfin, derrière, il y a la musique elle-même, qui exécute le cahier des charges avec une fortitude et une sécheresse pile-poil suffisantes pour signifier le courage.
C'est entendu, ce que nous vend Low Jack n'est pas évident et gigote plus près de Steve Poindexter que, disons, de Breakbot. Tout y est froid et un peu humide. Quand mélodies il y a, elles sont piquées directement à Kraftwerk ou à Marshall Jefferson. Les patterns de boîte à rythmes sentent la bière coupée à l'eau et, si j'en crois des lectures récentes, l'ecstasy coupée à n'importe quoi. Mais j'ai comme l'impression que les gamins au chômage n'ont pas vraiment envie d'autre chose. Si Low Jack vend si bien sa came, c'est qu'il ne peut décemment pas faire autrement. On lui prédit un bel avenir.
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