Parmi les rares choses à peu près sensées qui ont emergé de l'océan de boucan de ces dix derniers jours, il y a cette question toute simple posée en retour à tous ceux qui s'indignent bruyamment des difficultés d'intégration des populations issues de l'immigration: et si au lieu d'exiger l'assimilation, on reconnaissait enfin que l'intégration est un processus à deux sens, où les populations d'accueil, dites "de souche" ou intégrées depuis plusieurs générations, font une partie du chemin? Pardonnez-moi de vous soumettre cette entame d'edito un peu naïve et déplacée dans les colonnes d'un "média culturel" (on vient de me jeter l'anathème), mais je ne vois pas comment aborder le sujet d'Acid Arab autrement en ce 19 janvier 2015.
Car oui, derrière le blaze formidable et le logo si fort du collectif mené par Guido Minisky et Hervé Carvalho, il y a bien une main tendue et une envie de fraternité un peu plus forte que chez la plupart des ressortissants de notre beau pays... Et certainement pas, n'en déplaise aux trolls, une opération de colonialisme psychique déguisée où une poignée de blancs-becs en mal d'orientalisme s'approprient sans vergogne les héritages ancestraux des grandes nations musicales du Moyen-Orient.
Ça s'entend de manière particulièrement simple et radicale dans ce Volume 3 de leurs aventures, dont les 4 exercices de techno panarabique sont signés dans le désordre par: un Juif tunisien qui s'est fait connaître dans les années 90 en mixant de la drum'n'bass, un New-Yorkais avec des yeux bridés et un patronyme écossais, un Espagnol exilé à Berlin, le duo Acid Arab lui-même qui compte pourtant quatre membres officiels dans ses rangs et un duo techno parisien dont on a commencé par dire qu'il jouait dans la case "tech house" avant qu'il ne prenne la poudre d'escampette pour la ceinture d'asteroïdes qu'on trouve à mi-chemin de Mars et Jupiter.
Quant à la musique elle-même, c'est un bordel sans nom, qu'on serait bien en peine de présenter à qui que ce soit comme "un mélange d'acid house et de techno arabe" puisqu'on y entend autant de la techno mille-et-une-nuits boostée par un synthé flamboyant façon Islam Chipsy que du funk cosmique au ralenti digne de Jon Hassell ou de la pure abstraction acid / muezzin qu'on ne serait pas choqués d'entrendre joué par Ben Klock ou Richie Hawtin... En d'autres termes, ce n'est pas tout à fait une "leçon de tolérance" mais un beau maxi façon auberge espagnole qui se fiche pas mal de pouvoir faire grincer des dents ici ou là, qu'on est heureux surtout de trouver tout à fait à notre goût et à l'image du pays dans lequel on vit, dans lequel on a grandi et dans lequel on souhaite de tout notre coeur continuer à s'épanouir.
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