Alors que certains se posent des questions essentielles sur le grime aujourd'hui (en gros, depuis que Skepta a tout raflé sur son passage, Wiley est-il toujours oui ou non le roi incontestable du genre?), d'autres casse-cous à Londres ne s'embarassent pas de querelles de chapelle et tracent leur route en prenant uniquement soin de déployer leurs propositions avec fracas et de déboulonner les codes du genre.
L'année dernière, on vous parlait de Gaika, dont la mixtape Security ne voulait pas choisir entre relecture industrielle du grime, discours dystopique sur le devenir du Londres de demain ou "questionnements existentiels bilieux". Sa musique, qui doit autant à l'éclatement sonore en forme d'abimes de noirceur d'Arca qu'à une relecture irrévérencieuse du dancehall et du raga, était donc difficile à cerner, perdue dans ce qu'on voulait y voir comme velléités pop ou comme besoins de s'affranchir de tous les carcans possibles.
On pensait que le maxi Spaghetto, annoncé sur Warp depuis des mois, allait permettre de voir plus clair dans le jeu de Gaika. C'est raté : à l'écoute de l'EP, qu'il décrit lui-même comme des "lettres d'amour adressées aux êtres qu'il a aimés et perdus", impossible de se départir d'une impression de confusion tout autant que d'étrange attraction. Disque aussi politique qu'atypique, flou sur ses intentions que fascinant dans son exécution, il ne permet pour l'instant toujours pas de trancher sur le cas Gaika, mais invite plus que jamais à continuer à suivre le bonhomme dans ses pérégrinations, qu'elles soient hasardeuses ou plus heureuses. Ça tombe bien, Spaghetto est visiblement le premier volet d'un tryptique, qui sera dévoilé très bientôt dans son intégralité. De quoi, on l'espère, être enfin fixé.
Le maxi Spaghetto sort le 28 octobre chez Warp. Il est en écoute intégrale ci-dessous :
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