Nous avons affaire ici à un document de qualité hasardeuse mais d'importance historique de premier plan: la deuxième performance publique de l'histoire de Coil et la première à avoir marqué l'histoire de la culture pop puisque Nick Cave (qui était alors connu comme sommité du Batcave et leader de The Birthday Party) aurait quitté la salle au milieu du concert pour éviter de dégobiller son quatre heures.

Qu'y voit-on de si terrible? Du pipi de chat pour le spectateur de 2014 qui connaît ses Costes et COUM Transmissions sur le bout du des doigts, mais vraisemblablement du lourd pour le dandy new-wave du début des annés 80. Informe dans son projet et son line-up, à des lustres du duo iconique qu'il allait devenir à partir de "How to Destroy Angels" et Scatology, le Coil de 1983 n'était dans l'esprit du couple Peter Christopherson / Jhonn Balance qu'une émanation floue de Psychic TV, dont ils faisaient encore tous les deux parties.

"A Slow Fade to Total Transparency" consiste ainsi moins en un concert qu'une pure performance post-fétichiste, où la musique (des bandes assemblées par Christopherson, qui ne participe pas directement) importe moins que le texte vicelard déclamé par Marc Almond et les rituels étranges (scarification, pipification) exécutés par Balance et John "Zos Kia" Gosling, membre éminent de PTV et futur ordonnateur du projet big beat Mekon (!).

Bien entendu, la performance est célèbre chez les fans du groupe et repertoriée depuis des lustres (on peur la retrouver dans le rarissime coffret DVD Colour Sound Oblivion, 7ème item vendu le plus cher sur le Marketplace de Discogs en septembre 2012) mais on doute que vous l'ayez tous vu. En ces tristes temps où l'on s'ennuie poliment aux concerts de black metal et où les propositions artistiques les plus radicales se consomment avec la même dévotion qu'un Vine de Miley Cyrus, la vidéo d'une performance de Coil ne peut faire que du bien. On en parlera aussi souvent qu'il faudra pour que les choses reviennent un peu à la normale.