En 2014, on a plus écouté Charles Cohen qu'on a parlé avec notre maman. La faute au label Morphine et à la mirifique retrospective que Rabih Beaini a consacré au discret pionnier de Philadelphie, heureux détenteur d'un des rares Music Easel que la maison Buchla a fabriqué en 72-73 et figure des plus singulières de cette musique synthétique américaine dont on se fait régulièrement l'écho avec passion et emphase dans ces colonnes.
Depuis qu'on a vu le frêle Cohen, engoncé dans un pull jacquard kitchissime, derrière son petit synthé portatif pour l'ultime soirée du festival Présences Electroniques, à Paris, notre admiration sans borne pour ses "prototypes électroniques extrêmement rigoureux et gracieux de concert, qui ramènent autant aux poèmes Space Age de Raymond Scott qu'aux expérimentations en vogues dans le synth underground contemporain", s'est mué en tendresse presque suspecte, du même ordre que celle qu'on a pu développer à l'égard de quelques vieux écrivains à qui on est prêts à tout passer (même les journaux ronflants de 3000 pages).
On est cela dit moins attendri qu'impressionné par "Boy and Snake", premier morceau inédit qu'on ait la chance d'entendre depuis qu'on a découvert la musique de Cohen avec la parution de ses archives, qui est une vraie masterpiece de musique synthétique mélancolique et n'a rien, mais alors rien du tout, du fond de tiroir. Ça n'augure que du bon pour Brother I Prove You Wrong, nouvel album et vrai événement dont l'artwork est signé par l'artiste française Nathalie du Pasquier, membre du Groupe de Memphis, qui sort en mai sur Morphine Records.
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