Le point de départ de ce documentaire est simple comme bonjour: Eduardo De La Calle, connu pour être le boss du label Analog Solutions, part faire le tour du monde pour interroger le gratin de la musique électronique sur le vaste sujet qu'est effectivement la musique électronique. Il en revient avec un tas d'images et d'entretiens filmés au smartphone et nous voilà avec un documentaire de 70 mn sur les bras. Ça s'appelle Beatz: Contradictions Within Electronic Music, ça se mate gratos en ligne depuis le 26 juin et vraisemblablement, pas grand monde n'a très envie d'en parler.
Mais on le fait quand même parce que même si la concurrence est rude, Beatz a le mérite de choisir un angle. Un angle d'ailleurs énoncé très clairement en début de film: la technologie digitale est-elle une menace pour la création en musique électronique, quand cette dernière est encore plus concernée que les autres sous-genres de musique par l'évolution de la technologie? La question a l'air un peu bébête, comme ça, mais elle tourmente 100% des DJ et musiciens qui font la musique électronique au quotidien, et comme vous avez pu vous en rendre compte si vous lisez The Drone plus d'une fois par an, son influence sur ce que ces derniers inventent (ou n'inventent pas) puis nous donnent à écouter est absolument déterminante. On évoquait par exemple frontalement le sujet il y a pas 10 jours dans cet article sur MMM et le rift esthétique et technologique qui sépare les ayatollahs de l'analogique et les suppots 100% numérique de la pop capitaliste.
Le souci, c'est que ce docu a un pet' à la tête. La question qu'il pose est très intéressante, mais il cherche les réponses un peu n'importe comment. On n'y voit presque que du beau linge (Juan Atkins, Derrick May, Carl Craig, Kenny Larkin, Ben Klock pour ne citer que les premiers), mais tout le monde ne fait qu'énoncer des banalités: la musique électronique n'est plus seulement underground, il y a un retour aux origines et aux créateurs de la musique électronique, on essaie de les copier, tout le monde veut devenir DJ, le digital permet d'y arriver plus vite... Tout ça pour en arriver en filigrane au sempiternel "c'était mieux avant" - la palme revenant à Marshall Jefferson qui indique jouer sur CD "parce qu'il a peur de rayer ses vinyles".
Pourquoi on en parle quand même, alors? Pour les histoires racontées, les tics de langage de la belle brochette de vieilles carnes interviewées, pour les cadrages un peu foiros d'artistes que vous aimez forcément bien et que vous prendrez forcément plaisir à scruter ne serait-ce que pendant les trois minutes de leur intervention.
Beatz : Contradictions Within Electronic Music est visionnable juste en dessous si vous avez un peu moins d'une heure et quart devant vous et vous pouvez même vous en donner à coeur joie dans les commentaires, ça serait dommage de louper une raison légitime de maugréer.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.