Stupéfaction ce matin à la maison, ahurissement ce midi au bureau: la plupart des sites US sur lesquels on aime aller butiner de l’info chaude et/ou s’échouer pendant la pause récré se sont volontairement suspendus et grimés de noir pour la journée. Pas la peine de rafraîchir votre page, plus de 6000 sites (de Boingboing en passant par Dangerous Minds) sont concernés, et ça va durer 24 heures. En cause, les fameux SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA (Protect Intellectual Property Act) initiés par les lobbies de l’entertainment mainstream américain et le congressman républicain Lamar S. Smith pour soi-disant contrecarrer les vils agissements des sites étrangers type The Pirate Bay. On vous en parlait d’ailleurs déjà il y a quelques semaines en même temps que de l’infâme Hadopi 3 et son projet d’extension de la lutte contre le téléchargement au streaming.
Après plusieurs rebondissements et levées de bouclier justement préoccupées aux quatre coins de l’internet, il avait semblé à nos petites têtes pas très rompues aux finesses du droit américain que les deux projets de loi “les plus merdiques jamais pondus par le Congrès américain” (dixit le très bon Urban Dictionary) étaient plutôt mal en point. Comme l’expliquent David Drummond de Google ou une FAQ sur le Wikipedia en Américain dans le texte qui ne s’est pas fait prier pour se joindre à la fronde, il n’en est rien puisque le PIPA, qui sera soumis au Sénat le 26 janvier prochain, est similaire au SOPA dans ses grandes lignes, ses cibles et -surtout- ses fatales ambiguïtés. Outre le fait que la loi ouvrirait la porte à la surveillance et à la censure à gogo, tous les actes d’aggrégation ou de partage deviendraient susceptibles d’être confondus avec des actes de piraterie. Les sites communautaires et les serveurs de blogs étant légalement responsables des actes des internautes qui s’expriment par leur biais, on vous laisse imaginer l’étendue des dégâts possibles.
Autre conséquence avérée par les spécialistes (y compris certains conseillers techniques de la Maison Blanche), c’est la biosphère du réseau à l’échelle mondiale qui en subirait des conséquences, voire l’architecture d’internet elle-même qui deviendrait un peu plus branlante. Pour tout vous dire, on s’est très sérieusement demandés si on n’allait pas suspendre The Drone quelques heures en signe d’inquiétude et de solidarité. Un peu en retard pour les festivités, on s’est contentés d’enfiler des t-shirts noirs et de ne pas allumer la lumière. Mais promis, on vous tient informés de la suite.
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