Lié de loin à la culture de la planche à roulettes par quelques potes encore assez motivés pour glisser sur l'asphalte et se fracasser les tibias, c'est en me promenant sur le blog du label Trilogy Tapes que je suis tombé sur une vidéo des exploits urbains d'un certain Shawn Powers dans les rues de New York, sponsorisé par la marque londonienne Palace. En plus de m'avoir replongé au coeur d'une époque où j'empruntais des VHS au seul skateshop de ma ville et essayais désespérément de plaquer mon premier ollie dans la cour de mon immeuble, ce clip de cinq minutes et des poussières m'a fait me poser quelques questions sur l'évolution des vidéos de skateboard à travers les années.
Premier constat: rien de bien différent entre les cassettes abimées de mon enfance et les vidéos de la firme anglaise à la pointe de la hype. Après m'être mis au fait des dernières productions en très haute définition de Spike Jonze, je conclus qu'il existait deux écoles. En effet, difficile de trouver un point commun entre le Lakai Fully Flaired de Jonze, sorti en 2007 et considéré comme LE film de skate le plus marquant des dix dernières années de par ses effets spéciaux et ses plans en slow motion sur fond de M83, et toutes les vidéos lo-fi stampillées Palace.
Comme en hommage à cet âge d'or où le clip de "100%" par Sonic Youth (co-réalisé par Spike Jonze, tiens) passait sur MTV et où tous les gamins possédaient un skate, le militant low tech Nick Von Werssowetz a filmé les acrobaties du jeune Shawn Powers armé d'une bonne vieille caméra VHS. Ajoutez une b.o de rap east coast 90s, en l'occurrence "Rotten Apple" de Royal Flush, et vous obtenez le clip délicieusement authentico-DIY calibré pour tous les blogs certifiés 100% bon goût.
On ne saurait apprécier les productions de Palace, dont la sensibilité pop a quelques siècles d'avance sur la plupart des autres marques de skateboard, sans dresser une analogie avec bon nombre de vidéos musicales dans lesquelles le retour du grain salace et de la maladresse lo-fi adroitement orchestrée s'est amorcé comme un pied de nez à la dictature du 5D. Ces deux ou trois dernières années, le fétichisme de la VHS s'est développé à peu près parallèlement à celui dédié à la K7 audio dans la production musicale, en témoignent les clips tous plus cheaps les un que les autres des tenants de l'indie pop dite "hypnagogique", James Ferraro en tête de file, ou plus récemment Mac DeMarco.
De tout cela, quelle conclusion tirer ? Toujours la même: "deux pas en avant, trois pas en arrière", ou l'adage pop du XXIe siècle (?)
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