En Corée du Nord, Michaël Jackson est un illustre inconnu, la radio et le métro diffusent en boucle des hymnes révolutionnaires, et il n’y a pas de clubs pour bouger sa graisse (on apprend toutes ces choses, et bien d’autres, sur le blog rigolo du Guardian Pyongyang goes Pop).
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir eu un leader mélomane : feu Kim Jong-Il était une fine oreille doublée d’un compositeur d’opéras. C’est en tout cas ce qu’il faut croire à la lecture de sa notice “Le dirigeant Kim Jong-Il, génie de la littérature et des arts“, disponible en français sur l’excellent site de propagande Naenara. Jong-Il en aurait ainsi écrit et dirigé plusieurs, mais attention pas n’importe lesquels : des opéras révolutionnaires, œuvres lyriques mélangeant des influences de l’opéra classique chinois, des chants traditionnels coréens pangchang (chant hors-scène) et les meilleurs passages de la doctrine socialiste de son paternel Kim Il-Sung (doctrine du juche). Par contre, le site Naenara évite curieusement de parler des ravages de la dynastie Kim, au pouvoir à Pyongyang depuis 1972 : famine, culte du chef, goulag et terreur policière.
Ces opéras révolutionnaires, le répertoire nord-coréen en compte cinq, aux livrets aussi désopilants les uns que les autres : Une véritable fille du parti raconte le destin d’une militante pendant la guerre d’indépendance, Mer de sang évoque la haine coréenne de l’ennemi impérialiste japonais, tandis que La femme-fleur est dédié à une Causette locale qui choisit la voie du socialisme. Bref, ça rigole sec à l’opéra de Pyongyang.
Alors pour rendre hommage à un amoureux de la bonne musique, quoi de mieux que quelques titres qui résument sa carrière ?
Le mont Paektu a pour thème le point culminant du pays, montagne sacrée de la mythologie coréenne où serait né le leader, tandis que Grâce à Kim Jong-Il le pays est rempli d’allégresse et Notre camarade Kim Jong-Il se passent de commentaire.
Ils sont interprétés par le Pochonbo Electronic Ensemble, l’un des deux orchestres populaires autorisés en Corée du Nord (avec Wangjaesan, mais qui est un peu tricard depuis l’an dernier suite à une vidéo montrant ses danseuses court-vêtues bougeant sur de la pop US)
Les fans de Pochonbo pourront retrouver leurs meilleurs titres ici et là (mais là faudra savoir lire le Coréen), et les curieux pourront voir avec profit le documentaire de Barbara Necek sur l’usage de la musique en Corée du Nord, Le socialisme en chantant (Arte, 2009).
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