On a dit des Kill The Vultures qu'ils étaient des "petits maîtres du rap indé" mais depuis qu'on a fait le tour des popotes pour les aider à trouver une date parisienne (on était prêts à prendre le TGV Est pour aller les voir à Strasbourg), on s'est rendus compte du statut très particulier (on n'a pas dit "culte" mais c'est tout comme) dont le duo jouissait chez les trentenaires indie (dont certains sont programmateurs de salles à Paris, ce qui nous a pas mal aidé) qui ont gardé une petite place dans leur coeur pour le rap possédé des deux de Minneapolis.
Depuis 2005, KTV ont sorti 5 albums dont l'orageux The Careless Flame - sorti sur le label de Chicago Locust (où sont passés Sir Richard Bishop, Dominique Grimaud et Cyann et Ben, première incarnation de nos Yeti Lane nationaux) en 2006 - est sans doute le plus intemporel (et le plus noir). Parcouru de solos de sax furieux, de percussions cinglées samplées par Anatomy et des coups de boutoir du rappeur Crescent Moon, ce demi-classique épuisé depuis des lustres finira sans doute par être réédité en vinyl 180G double gatefold par un label européen. Le court et plus apaisé Midnight Pine sorti l'année d'après, moins étouffant et absolument dénué de beats, pourrait être la bande-son d'un remake du Grand Sommeil par James Gray, tandis que le franchement lugubre Ecce Beast (2009), - l'album du retour aux déprimantes Twin Cities, après un exil new-yorkais - a mieux vieilli qu'on ne l'aurait cru.
C'est difficile à croire tant ces dernières années les retours de nos idoles indie-rap nous ont embarassés (au point qu'on en est à remercier ceux qui, comme Edan, s'abstiennent de rempiler), mais Carnelian, le nouvel album de Kill The Vultures est un grand disque. La formule est sensiblement la même que sur The Careless Flame et l'on est les premiers étonnés de constater que cela marche - peut-être encore mieux qu'en 2006 - dès les premières mesures du martial "Shake Your Bones". Le rap chamanique de Crescent Moon n'a rien perdu de sa puissance et Anatomy est encore plus habile avec les cordes et les cuivres qui forment l'ossature de ce hip-hop sans âge qui ne se contente plus de sampler du be-bop et du free mais puise aussi dans le meilleur du jazz contemporain (on jurerait entendre le piano de Matthew Shipp sur "Simmer" ou "Coins on the Open Eyes").
Kill The Vultures seront demain à Lyon (au Periscope), le 25 mars à Yverdon-les-Bains, en Suisse, le 28 à Paris (au Point Éphémère), le 29 à Strasbourg (au Molodoï), le 31 à Nantes (au Pôle Etudiant, avec Wall of Death et Drame) et le 1er avril au Mans (sur la Peniche Excelsior) avant dedonner une douzaine de concerts en Italie.
Carnelian s'écoute ci-dessous et s'achète sur le Bandcamp du groupe. Les préventes pour le concert parisien du 28 s'acquièrent sur Digitick.
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