Comment sait-on qu'une culture est née pour de bon? Quand ses contre-cultures et ses légendes commencent à abonder. Ainsi celle propre à la troisième révolution industrielle, tombée des ordinateurs et d'Internet, est doucement mais sûrement en train de s'affirmer à la suite de celles de la pop, du cinéma, de l'art et leurs myriades de dérivés.
Songez un instant à ce biopic débile sur Steve Jobs que vous avez maté très tard un soir de perdition après l'avoir téléchargé sur The Pirate Bay, à la petite chaleur que vous avez perçue dans le bas de l'échine en regardant Ashton Kutcher grimé d'une barbe et d'un polo marron assembler une reproduction du premier Apple dans un garage et aux dizaines de pages wikipedia que vous avez parcouru en même temps pour vérifier que rien n'était oublié dans la reconstitution. Ce tissu d'histoires et de folklore qui donne envie de lire des grosses bios en v.o., c'est même plus que de la culture: de la pop culture qui accélère le rythme cardiaque, au même titre que l'histoire de la house de Chicago, du Nouvel Hollywood ou des sociétés secrètes à l'époque des Lumières.
Autre signe qui ne trompe pas: la présence dans ce paysage de tristes geeks en costumes beige d'une poignée de mavericks et de vrais barges, dont la vie est les folies dépassent largement le cadre de leurs inventions. Et dans le genre, John McAfee est d'ores et déjà le champion toutes catégories. Si vous avez déjà croisé la route d'un PC ces vingt dernièrs années, vous connaissez forcément le nom du fondateur de la firme leader incontestée de l'antivirus et de la sécurité virtuelle; si vous êtes un lecteur régulier des pages people de Wired, vous n'êtes pas non plus sans savoir que son fondateur et ancien CEO est un personnage très étrange qui a un vécu en semi exil au large du Bélize, fricotté avec le trafic de drogue, hébergé des prostituées dans sa propriété et été sévèrement suspecté de meurtre. Si votre connaissance sur le sujet McAfee s'arrête à ces déboires récents, sachez surtout qu'il vous reste une vie entière de dingueries à découvrir.
Car le Bélize, les collections d'armes à feu, les cavales dans la jungle, ce sont pour ainsi dire des broutilles que McAfee s'est choisi pour occuper sa retraite. Collaborateur régulier de Wired et spécialiste international du bras de fer devenu confident involontaire de notre barjot bigger than life, le journaliste américain Joshua Davis a profité de longs entretiens avec le tycoon déchu et de plusieurs séjours au Bélize pour raconter ce destin perpétuellement mystérieux et hors du commun.
Des premiers bricolages sous LSD à la revente de de sa boîte à Intel pour 70 millions de dollars, de la fondation de son propre centre de Yoga dans le Colorado jusqu'à son bunker sud-américain, l'histoire de McAfee n'a (presque) rien à voir avec celles de ses collègues tycoons de la Sillicon Valley. C'est plutôt celle d'un addict passé par toutes les drogues possible et imaginables, à la paranoïa si communicative qu'il a imposé l'usage de l'antivirus aux entreprises du monde entier alors qu'aucun virus effectif n'était en activité. Traduit d'un long article paru dans Wired en 2012, John McAfee, un terroriste moderne vient de paraître aux éditions Inculte. Il va sans dire que les droits ont déjà été achetés pour en faire un film: c'est Warner Bros qui s'y colle et la production est déjà lancée.
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