Eaux vs. Silver Apples: Sneaux Flakes

C'est compliqué, les retours aux affaires des idoles du passé. Je me rappelle précisément de ce concert de Goblin à la Villette Sonique il y a quatre ans, et de ce moment très gênant au milieu d'un solo de Massimo Morante où la foule de jeunes gens modernes dans la fosse a réalisé qu'elle était en train de regarder 4 vieux proggeux italiens en catogans se la donner sur un blues tout pourri.

Pour Silver Apples, c'est un peu plus compliqué puisque le revival a commencé dans les années 90. Mais rappelons que depuis 2007, Simeon fait ses concerts tout seul et a pris la décision étrange de remplacer feu Danny Taylor par une boîte à rythmes Casio. Le moins que l'on puisse dire est que le résultat est suffisamment étrange pour que l'on s'interroge sur la capacité de ce vieux monsieur de 74 ans à se rendre compte de ce nouveau monstre esthétique qu'il a fait naître, au croisement du psychédélisme hardcore et de la musique de baloche. Ou pour le dire autrement, la moitié des gens que je connais trouvent le Silver Apples des années 2010 génial, l'autre embarrassant au-delà du bon sens. Pour ce qui me concerne, je l'ai vu deux fois en deux ans et je n'ai toujours pas réussi à trancher.

Quelque chose dans ce remix impromptu du groupe londonien Eaux (dont on ne sait rien à part qu'ils n'ont rien à voir avec le label techno du même nom) me dit quand même que Simeon sait très bien ce qu'il fait et que si ce qu'il fait ne vous plaît pas, c'est que vous êtes incapable d'enterrer le Silver Apples de 1969, et donc plus attaché à ce passé que vous n'avez pas connu que Simeon lui-même. Pour tout dire, son remix fout même un sacré coup de vieux à l'original. Sorte d'exercice post-proto-techno coincé entre quatre époques et quatre dimensions, ce "Sneaux Flake" ne ressemble à rien. Comme dans rien de connu. Ça fait bizarre de l'écrire deux semaines après cette Une démente du Point et moins de 24h après l'annonce de la mort de Stéphane Hessel mais quand même, des fois, les vieux, qu'est-ce qu'ils nous mettent à nous, les jeunes.