On s'efforce de souvent vous parler de Ninja Tune. Pas seulement pour la raison qu'on nous dicte parfois les noms à graver à l'encre immortelle sur ces encarts, ou qu'en matière d'électronique en tous genres le label londonien n'a plus rien à prouver, mais bien car de leurs portes sortent éternellement les pierres les plus sophistiquées des bijoutiers qu'on prend plaisir à serrer entre les dents, à lorgner derrière nos monocles et à vous présenter sur des traversins purpurins.
Ash Koosha est un producteur d'origine iranienne installé à Londres, ville où il a trouvé refuge après avoir été emprisonné (brièvement, mais tout de même) dans son pays pour sa musique. Aussi curieux que cela puisse paraître au vu de la situation actuelle en Iran, ce genre de phénomène n'a pas toujours été symptomatique du pouvoir iranien. L'Iran avait une longue tradition avec la musique électronique avant la chute du Shah et un centre de recherche équivalant au GRM qui lui était dédié. Du milieu des années 60 jusqu'à 1979 donc, la musique électronique, sous une impulsion occidentale, était plébiscitée par le pouvoir en place. Bien que largement reniée par l'Iran islamiste, cette tradition électronique iranienne se perpétue marginalement dans les oeuvres de producteurs comme Ata Ebtekar (notamment signé sur Warp avec son projet Sote) ou les prouesses d'Ashkan Kooshanejad, révélées par Olde English Spelling Bee l'année dernière et Ninja Tune aujourd'hui.
Depuis près d'un mois, le label londonien nous tease sans trêve avec des extraits d'I AKA I, ce nouvel album prévu pour le 1er avril. Dans l'attente de déverrouiller les porches ensablés des cités que Koosha nous fait entendre, trois extraits sont désormais à l'écoute, tous (ou presque) illuminés par les faisceaux surannés du reflet des eaux sur une vieille pierre d'est et trempés dans une mélasse tantôt vaporwave, à l'enthousiasme plutôt rébarbatif et mélancolique qu'énergique, tantôt dans un écosystème de gerbes et de belles pousses grime. Des bouquets de chagrins toujours (ou presque) larmoyants, dont les compositions ne sont pas exotiques mais peuvent être affiliées aux vieilles coutumes de l'électronique iranienne, dont l'ancêtre Dariush Dolat-Shahi était l'un des pionniers.
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