Au mois de mai dernier, National Geographic consacrait l’un des épisodes de sa série Taboo aux hoarders, les “amasseurs”, en VF (bien que cette traduction soit assez minable): en gros, cette catégorie bien particulière de personnes au sein de la grande famille des TOC ayant le malheur d’être dans l’incapacité de jeter quoi que ce soit, et se retrouvant donc à vivre entouré de piles d’ordures grignotant peu à peu leur espace vital.
Ce que l’on appelle parfois la disposophobie peut atteindre certains collectionneurs qui, dans leur quête compulsive d’objets, peuvent finir très, très mal.
Parmi les différents portraits dressés au cours de l’émission, on retrouvait un personnage bien connu des amateurs de vinyles: Jerry Weber, patron de Jerry’s Records à Pittsburgh.
Certes, ce charmant monsieur, propriétaire de l’un des plus impressionnants magasins de disques du monde, ne vit pas entouré de chats et de boîtes de raviolis usagées.
Mais son cadre de vie demeure assez peu banal: dans l’entrepôt qui lui sert de maison, il est entouré de sa petite collection personnelle, qui a atteint l’aimable chiffre de deux millions de vinyles.
Oui, deux millions.
Pas de quoi inquiéter l’intéressé qui, s’il reconnaît que sa passion lui coûte cher, refuse d’être considéré comme un hoarder.
D’une part parce qu’il a réussi à faire de son obsession un gagne-pain. D’autre part parce que, comme il le dit lui-même, il ne vit pas “entouré d’ordures, ce sont des disques“.
D’accord, il n’y aurait pas assez d’une vie d’homme entière pour tous les écouter, mais bon, hein, passons.
Ce qui est réellement intriguant dans toute cette histoire, c’est la coïncidence suivante: à deux pas de Jerry’s Records, il y avait, jusqu’en 2008, un autre magasin nommé Record-Rama.
Son propriétaire, Paul Mawhinney, est lui aussi bien connu des fans de disques.
En ayant amassé scrupuleusement tous les albums possibles, puis en ayant gardé systématiquement une copie de chaque LP vendu dans son magasin, il est devenu le détenteur de l’une des plus grandes, si ce n’est la plus grande, collection au monde.
Atteint de diabète et mis à mal financièrement, il a du se résoudre à fermer Record-Rama, puis à tenter de vendre ses disques. Il y en a pour 50 millions de $, il n’en demande “que” 3 pour le tout, mais l’offre est restée lettre-morte. La Bibliothèque du Congrès Américain, qui a estimé que seuls 17% des disques des 60′s-70′s en sa possession étaient actuellement disponibles dans le commerce, a failli se porter acquéreur, avant de se rétracter. Depuis, cette immense archive attend toujours.
Deux collectionneurs hors-du-commun, dans la même ville, quasiment voisins. Plus de quatre millions de disques vinyles à eux deux. On ne sait pas exactement ce qu’il se passe à Pittsburgh, mais avouez que ça laisse songeur…
Ci-dessous, la modeste discothèque perso de Jerry Weber:
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