Si le nom de Dave Carnie vous est peut-être étranger, vous connaissez sans aucun doute les deux institutions de la culture américaine auxquelles il a collaboré. Tout d’abord, Jackass, le show télé pipi-caca-vomi-points-de-suture de Johnny Knoxville, qu’il a aidé à lancer. Mais aussi Larry Flint, le pornographe le plus célèbre du monde, qui racheta et publia Big Brother Magazine, où officiait donc Carnie, de 1997 à 2004. Aujourd’hui, Carnie a réuni la majeure partie de sa production écrite dans un recueil répondant au doux nom de Boob. Au programme: du cul, du skate, du vomi, mais pas seulement.
Car, même s’il revendique haut et fort son refus de vieillir et son mode de vie composé à 100% de dope, d’alcool et de ollies, Carnie est bien plus qu’un simple animateur de fanzine. Lettré, admirateur de Céline et de Wittgenstein, il est writer avant tout.
Journaliste, chroniqueur, il prend un malin plaisir à raconter le monde du skate et ses à-côtés culturels avec un esprit Gonzo pleinement affirmé. Ses admirateurs sont même persuadés qu’il a lancé un courant: le Writinghowyoutalkism (“l’écrire-comme-tu-parles-isme“). Lui-même s’en défend, bien sûr.
Toujours est-il qu’au sein de Big Brother (dont vous trouverez de vieux numéros ici), Carnie a suivi les belles heures du mouvement skate tandis que son meilleur copain – un certain Spike Jonze – les photographiait, narré les exploits de la Bones Brigade aux côtés de Jeff Tremaine et Steve Rocco, et interviewé tout ce que ce petit monde comptait de freaks, avec une patte et une insouciance qui ont fait école.
C’est ainsi qu’il se mit un jour à dos son protecteur, l’inquiétant Larry Flint, après avoir raconté sa visite à la demeure du bonhomme. S’étant pointé un jour de poker où toutes les huiles du carnet d’adresses de Flint avaient fait le déplacement, Carnie a dû poireauter des heures dans les allées de la propriété, entouré de gardes du corps, de chiens et de statues de dieux grecs.
Il en tira un reportage qui mit en rogne le propriétaire des lieux, qui, bourré comme un coing, le crucifia en public lors des 25 ans de Hustler, devant une armée de strip-teaseuses médusées. Cette propension à se foutre totalement des conséquences amena également de façon régulière Big Brother dans les sujets des JTs nationaux, où les longues pages consacrées par les potaches à roulettes à la méthodologie du parfait suicide ou aux opiacés en tous genres n’avaient pas bonne presse.
L’histoire se termine abruptement, Flint décidant qu’il en avait assez et mettant un terme à la publication en février 2004. Depuis, Carnie n’a pas lâché l’écriture et s’en est allé sur le web. Il a par ailleurs lancé son propre blog, Food On Drunk, dédié à la bouffe, où il peut clamer haut et fort son amour pour le chili, les burgers et les bières. Autant vous dire qu’on attend avec délectation de mettre un jour la main sur une édition française de Boob, en espérant qu’elle conservera la couverture originelle, idéale pour agrémenter n’importe quelle table basse.
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