À première vue, on se demande ce qui a bien pu passer par la tête de Powell pour signer sur son label Diagonal ce drôle d'oiseau qu'est Elon Katz. Sorte de mixture étrange composée d'une synth pop profondément malade, tiraillée entre des appétences déconstructivistes et un goût immodéré pour la surcharge formelle, la musique du Califiornien d'adoption échappe d'office aux catégorisations toutes faites et au petit jeu des ramifications esthétiques qu'affectionnent forcément les journalistes de tous poils (dont l'auteur de ces lignes, je vous rassure).
Sur The Human Pet, son album sorti en mai dernier sur Diagonal Records donc, Elon Katz dessine des lignes floues et construit des espaces hallucinés, où vertiges et égarement semblent de mise, circonscrits par des esquisses de glitch et des fragments de pop hypnagogique désossée - une sorte de note d'intention esthétique qu'il qualifie lui-même de "citric pop". Bref, des sonorités et des affects que l'on n'aurait pas nécessairement pensé retrouver sur Diagonal Records, aux côtés de Not Waving, Russell Haswell, et autres Container.
Et puis, lorsqu'on regarde un peu le CV du gars, on se dit que le choix de le faire figurer sur le roster d'un des labels de club music les plus radicaux aujourd'hui en termes de furie sonore et de grincements no wave et industriels n'est peut-être au final pas si incongru. Échappé de White Car, duo new wave tendance ligne dure et EBM homo-viril signé chez les "avant-gardistes" de la côte ouest d'Hippos in Tanks (c'est à eux qu'on doit Far Side Virtual de James Ferraro, dont on peine encore aujourd'hui à séparer le bon grain de l'ivraie), Elon Katz a aussi signé en 2013 une collaboration fructueuse sous le nom de Streetwalker avec l'un des électroniciens gribouilleurs lo-fi les plus en vue de ces dernières années, Beau Wanzer. Depuis, il a déménagé de Chicago à L.A, où il participe désormais activement à la scène artistique locale.
La semaine dernière, l'homme présentait le clip de "The Rhino Powder of New Sensitivity", ouverture de l'album The Human Pet, et personnification visuelle des étrangetés de ce dernier. Devant un fond jaune vif et tranchant, il y déployait son chant maniériste et s'adressait à lui-même, son visage déformé illustrant à merveille la monstruosité de la démonstration musicale. À l'image de l'album d'où il est tiré, le clip de "The Rhino Powder of New Sensitivity" constitue une sorte de manifeste un peu gonflé, un geste fort dont on ne sait trop quoi faire pour l'instant pour être tout à fait honnête. Il fomente dans tous les cas une des propositions formelles les plus fortes de mi-année, un mouvement qui a le mérite de nous faire hausser des sourcils, nous gausser des maniérismes du monsieur comme de nous laisser béat devant tant d'outrance et de panache mêlés.
L'album de Elon Katz The Human Pet est sorti en mai dernier sur Diagonal Records. Le clip de "The Rhino Powder of Sensitivity" est visible ci-dessous :
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