"'Mon the biff !!!"


Pas besoin d'avoir choisi l'option écossais LV1 au collège pour se douter qu'il ne s'agit pas ici d'une citation d'un précis de philosophie grecque. On est clairement sur de la bonne interjection de bro exalté par l’absorption de bière éventée et chère.
"'mon" étant une abréviation écossaise pour "come on", et "the biff" étant le petit sobriquet dont les fans de Biffy Clyro ont affublé leurs chouchous, c'est en effet avec ce cri scandé par des dizaines de milliers de fans que sont invoqués les dieux du math-pop-punk-rock-de-stade en Grande-Bretagne.
Parce que oui, ce nom n'évoque peut-être pas grand chose au lectorat aiguisé comme une lame, pointu comme un couteau de Le Drone, mais Biffy Clyro est ÉNORME chez nos voisins.


Ils ont rempli plusieurs fois les o2 Arena (20 000 personnes) et Wembley Arena (12 500 personnes) à Londres, jouent à Reading en tête d'affiche, et se retrouvent régulièrement dans les charts UK depuis une bonne dizaine d'années. En revanche, sans être totalement inconnus en France, ils sont quand même largement en-dessous des scores hallucinants qu'ils font chez eux.


Cela s'explique certainement par l'éternelle différence de culture musicale entre la Grande-Bretagne et nous même. De même, il y a grand à parier que pas grand monde se touche sur le dernier Benjamin Biolay à Edinburgh.
En effet, la musique de Biffy Clyro est depuis leurs débuts une bande-son parfaite pour ado en surdosage émotionnel. Grosses envolées lyriques, riffs à la testostérone, cris du fond de la gorge bien maitrisés... et ça va pas en s’arrangeant avec l'âge malheureusement.


Leurs 1ers albums (début 2000), chez Beggars Banquet, sont un genre de math-rock à consonance mélo, qui pèche certes par manque de maturité et donc d'efficacité, mais affiche des envies assez similaires à ce qui se fait beaucoup à ce moment. On a tous aimé un ou plusieurs groupes de math-rock de cette époque dont on serait pas trop enchantés de se refaire un album en entier aujourd'hui. Mais à l'inverse de certains de leurs confrères qui délaissent les atours chargés de leur style pour évoluer vers un son plus brut et de fait beaucoup plus intéressant (coucou Liars, entre autres), nos petits Biffy augmentent album après album la dose de chantilly dans laquelle ils noient leur musique.


Et ce qui devait arriver arriva : leur 4e album Puzzle est disque de platine, et ils quittent leur stade de cool groupe indé pour devenir des machines à festival. Tous les morceaux contiennent leur petit passage les-bras-levés-wowowo, alterné avec des heavy headbangers qui se rapprochent de plus en plus d'un bass-drop d'EDM. Miam.
En fait, ces petits écossais n'ont jamais été très très loin d'être fréquentables par les gens à l'éternelle élégance musicale (je parle de vous les lecteurs de Le Drone).
Ils sont même à certains égards assez intègres et respectables, comme par exemple en gardant le même line-up depuis leurs débuts en 1995. Mais à côté de ça, ils demandent à des copains de les accompagner sur scène, mais ils les cachent bien, et ils font bien attention de les effacer de leurs vidéos live.


Ils sont toujours assez détendus voire drôle dans leurs interviews. Mais passés les 35 ans, les photos presse torse-oilp avec les tatouages ça fait un peu bizarre.
Ils gardent une bonne énergie sur scène et ont toujours l'air d'autant s'amuser. Mais leurs scénos seraient recalées au 1er brainstorming de My Chemical Romance pour excès de mélo (dois-je reparler des tatouages torse-oilp aussi?)
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En gros, Biffy Clyro, c'est un peu comme ce cousin avec qui vous avez failli avoir les mêmes goûts, mais qui par manque de motivation et pour cause de réussite sociale a quelque peu lâché l'affaire, et on ne peut pas lui en vouloir non plus. Toujours très sympa, vous avez les mêmes références de base (Nirvana, Weezer, Rage Against The Machine...), il a même fait l'effort sur certaines références "acceptables" (Fugazi, Sonic Youth), mais vous êtes de plus en plus embarrassé par ses références façon supermarché. Malgré tout, vous aimez toujours vous ambiancer sur les bases communes que vous partagez, pas vrai ?


Alors pourquoi n'en serait-il pas de même avec ces bons vieux Biff Biff ? Comment ça, "mon cousin n'expose pas ses tatouages sur toutes les photos de famille" ?

Je ne vois pas le rapport.