Thomas Jefferson Cowgill est un musicien magnétique. Par son charisme, son timbre de voix rocailleux et le soin appliqué qu'il consacre à son image, il fait partie de ces artistes qu'on apprécie (ou qu'on déteste) immédiatement. Conscient de son aura noire, il se prête au jeu de l'interview avec l'aise du souverain qui accorde audience. S'il est volontaire pour bavarder autour de son oeuvre complexe, riche de près d'une quinzaine de disques (splits, EPs, Lps...) au nom d'une certaine americana aux teintes obscures, il rechigne cependant à en expliciter la substantifique moelle. Et notamment celle de cette mystérieuse quadrilogie sur la comédie humaine qu'il s'apprête à clore –

Love, Fear, Sex, et... ?


La conclusion est peut-être à chercher dans sa piété de luciférien, un sujet qu'il est loin de prendre à la légère et qui guide sa vie entière. Mais qu'on se rassure, sous le ciel de Satan, le Roi Mec est un homme comme les autres, avec ses plaisirs simples. La preuve, il adore la disco.

King Dude - I Wanna Die at 69

05:32

Décrire ta musique à quelqu'un qui ne la connaît pas du tout paraît simple, mais en fait ça ne l'est pas. Sur ton Bandcamp, j'ai lu qu'un mec avait écrit "Darkly comforting campfire ballads for all of your satanic sleepovers" (qui se traduit en gros par : "ballades de feu de camp mystérieusement confortables pour toutes vos nuits blanches sataniques"), ça m'a fait marrer. Qu'en penses-tu ?

J'imagine que si tu es sataniste et que tu veux passer la nuit dehors, pourquoi pas ? Souvent, les gens sur Internet ou les journalistes sortent ces genres de phrases à buzz, comme ça, ces slogans... Je suis malgré tout touché à chaque fois que quelqu'un écrit quelque chose à propos de ma musique. Tant pis si les gens se méprennent sur moi et pensent que je suis sataniste.

En tout cas, es-tu d'accord pour dire que ta musique sombre est venue de la country, de l'americana, et en une poignée d'années, elle s'est davantage développée vers le post-punk, la new wave ?

Oui, c'est juste. Je ne sais pas si c'est une décision consciente ou si c'est une conséquence des outils qui sont à ma disposition. Quand j'ai commencé, je n'avais qu'une guitare acoustique, c'était vraiment le seul instrument à ma disposition ! Du coup pour le post-punk ou la new wave, c'était râpé... D'après moi j'ai plutôt été influencé par les enregistrements du début des années 1950, voire des années 1940. Les ballades folk traditionnelles américaines.

Comme la musique de Son House, que tu cites souvent ?

Oui, Son House et le blues originel, exactement. Gigantesque inspiration. J'ai fini par m'intéresser à d'autres choses comme Roy Orbison et Johnny Cash, parce que c'est familier pour moi : tout le monde connaît leurs chansons. Rapidement, les inspirations aidant, j'ai voulu faire davantage que de la musique acoustique. J'ai vite voulu un batteur puis un second guitariste et c'est comme ça que j'ai

progressé : en ajoutant des éléments un par un, comme la basse, le clavier... Et tu finis par sonner accidentellement comme des choses que tu n'avais pas prévues. Avec King Dude, j'essaye de ne pas être bloqué dans un style, ni trop concentré sur mon but. C'est plus un acte de création brute, qui vise à produire la musique la plus déterminée, peu importe les outils à disposition. C'est l'idée depuis le début.

SON HOUSE - Grinnin' In Your Face

02:08

L'ajout d'outils différents t'a fait changer ton état d'esprit par rapport à King Dude ?

Oui, totalement, ça donne plus d'options. Avant je me limitais bien davantage, par exemple je ne voulais pas de batterie sur les premiers enregistrements - c'était en grande raison dû au fait que je ne voulais pas m'encombrer d'une batterie. En fait j'adorais arriver sur le lieu du concert avec ma guitare et jouer, tout simplement. J'ai commencé par lever les contraintes progressivement, d'abord en m'autorisant une grosse caisse. Ensuite un tambourin. Puis inévitablement, ça te fait jouer de

nouvelles choses, qui sont tout aussi familières mais d'une autre manière.

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Tu as commencé King Dude comme un projet solo, mais tu alternes les formules : je t'ai vu deux fois en concert, la première en groupe et la suivante seul sur scène. Quelle formation préfères-tu ?

Oh, je n'ai pas vraiment de préférence, j'aime surtout jouer mes chansons. Mais que je les joue en groupe ou seul, elles s'habillent de caractéristiques différentes. La véritable limite, c'est qu'il y a certaines choses que je sens que je ne peux pas faire seul. Alors c'est plus compliqué logistiquement mais je peux produire bien davantage avec mon show. Et puis je peux toujours revenir à la guitare acoustique, je peux faire une chanson ou deux comme ça, je suis pas obligé de solliciter les membres du groupe pour tous les titres.

Justement, il y a quelque chose qui est un peu difficile à comprendre : King Dude, est-ce ton groupe ou un projet solo ?

Eh bien, c'est mon groupe... qui a un nom qui sonne comme celui d'une seule personne...

Mais si je comprends bien, King Dude, en gros, c'est toi ?

Oui, mais c'est toi aussi ! On est tous King Dude. Les gens sont souvent confus : est-ce que je suis King Dude ou Thomas Cowgill et King Dude... Ca ne me dérange pas. Si tu jouais de la guitare dans Alice Cooper, tu dirais que tu es Alice Cooper ? Ou qu'il est Alice Cooper ? Marilyn Manson aussi, tiens. Est-ce un vrai nom ? Un alter ego ? Je ne sais pas. Est-ce que ça devient toi ? Est-ce que tu choisis de devenir cela, comme lorsque David Bowie a choisi de devenir le Thin White Duke ? Savait-il ce que ça impliquerait, toutes ces métamorphoses ? Alors oui, il y a une décision

consciente, bien sûr, une sorte de mix pour que les gens s'identifient mais ce n'est pas tant un alter ego, c'est surtout moi.


D'ailleurs ton line up a pas mal changé, n'est-ce pas ?

Oui oui, il y a eu beaucoup de musiciens différents. Les gens viennent et partent, c'est la nature des gens...

King Dude - Lucifer's The Light Of The World

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... la nature de certains groupes, également. Comment ça se fait que tu ne stabilises pas tes musiciens ?

On n'écrit ni n'enregistre pas ensemble - à part avec mon batteur – alors c'est juste plus simple. Mais quand je dois partir à nouveau en tournée je dois apprendre aux autres ce qu'ils doivent jouer. Le problème c'est que l'album est sorti il y a à peu près huit mois, et moi-même j'ai un peu oublié les chansons... alors on doit tous réviser finalement (rires). Il m'est déjà arrivé de bloquer devant ma guitare et de constater que je n'ai aucune idée de comment rejouer une de mes chansons... Il faut

dire aussi que je n'aime pas trop remonter dans le temps, car mon vieux répertoire c'est un tout autre groupe pour moi. C'est important de savoir clore un chapitre et d'aller de l'avant.


Donc tu joues principalement des titres récents en live ?

Oui et non, je remonte jusqu'à il y a trois ou quatre ans, je ne remonte pas jusqu'à 2009, je ne joue rien des premiers EPs. J'en serais capable mais je les ai jouées tant d'années maintenant... Devenir un cover band de soi-même, ce n'est pas bon pour le moral.

Je t'ai donc vu deux fois en concert et j'ai constaté que tu étais très à l'aise sur scène : tu es si bavard avec le public... Du coup je me posais la question : si tu n'avais pas pu devenir musicien, quel métier aurais-tu choisi ?

Comédien ! Sans rire, je considère effectivement ce que je fais comme de la comédie. J'ai de petites histoires qui reviennent d'un show à l'autre mais j'improvise la plupart du temps. J'aime bien parler aux gens et là, je peux parler, parler, parler... Je dois dire qu'à titre personnel je n'aime pas trop aller voir un concert où le groupe déroule sa musique comme sur son album. Moi j'aime les erreurs et la nature candide de la représentation. Aussi ne compte pas sur moi pour garder mes distances avec le

public : je veux briser la glace et amener les gens à se relaxer, passer du bon temps, et peut-être tirer une meilleure expérience de leur concert.

Je connais des gens qui trouvent tes discours entre les chansons bien ennuyeux. Qu'est-ce que tu voudrais leur répondre ?

J'aimerais leur demander de réduire leurs attentes, d'être plus souples. Un concert c'est un lieu d'interaction, pas une église. Tu ne vas pas à l'église en exigeant ce que tu veux entendre comme sermon. Non, c'est un travail d'apprentissage pour tout le monde, même pour le prêtre. Même lui doit apprendre à créer la communion, tu comprends ? Voilà ce que je veux déclencher.

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Ton dernier album s'appelle Sex et il contient pas mal de références à Charles Manson et sa "Famille". Tu nous en dis un peu plus ? 

Si tu regardes l'année pendant laquelle le meurtre de Sharon Tate s'est produit, 1969, pas mal de gens t'expliqueront que c'est la fin d'une ère. La fin d'un mouvement, et le début d'un autre. La fin du rêve hippie évidemment, mais surtout la fin de l’Ère astrologique du Poissons qui symbolisait la figure du Christ. Je développe en général trois ou quatre thèmes par album et j'aime quand ils peuvent coexister. Le Christ, les hommes, le sexe, la religion... La "Famille"était une excellente source d'inspiration pour lier ces thèmes car Manson s'est beaucoup servi de ces outils pour dominer

sa tribu. Or, même dans la "Famille Manson" des gens sont tombés amoureux, de manière honnête et pure...


Alors je voulais m'arrêter sur ces deux facettes : d'un côté, quelqu'un qui va abuser quelqu'un d'autre, en usant de malice, de sexe, d'amour ; de l'autre, une personne qui va recevoir cette énergie d'une façon plutôt pure – non pas qu'elle soit innocente, évidemment, des crimes commis... Mais on n'a jamais vraiment essayé de comprendre leur point de vue, leur version des faits, leurs émotions. Je pense que beaucoup de gens ne comprennent pas à quel point le sexe et la religion sont des choses inextricablement combinées. A mes yeux, ils ne marchent pas l'un sans l'autre. La sexualité est bien souvent un point ultra-important de la religion, un pilier. C'est fou à quel point ça obsède les religieux, la façon dont les gens baisent. Et pourquoi ils baisent. Et quand. Et avec qui. C'est un thème récurrent dans la Bible, dans le Nouveau Testament. C'est intéressant d'essayer de comprendre pourquoi ils sont autant obsédés par le contrôle du sexe, par comment il doit être fait ou pas, par sa pratique exclusive par des gens mariés par l'église, pour des raisons de perpétuation de

l'espèce seulement. Pas pour le plaisir. Si les gens sortaient de Terre, la religion aurait déjà banni le sexe ! Les religieux savent que c'est un acte de déviance en soi, car c'est un acte divin et que tu peux créer la vie.

Donc le thème du sexe est toujours un sujet à scandale en 2017...

... et ça le sera tant que la race humaine existe. Il faut que les gens soient plus éduqués à ce niveau là, en ce que ça signifie vraiment, et pas uniquement ce que ça signifie en terme de planning familial. L'éducation sexuelle oui, mais pas seulement scientifique. Ils doivent apprendre ce que le sexe signifie de manière spirituelle. C'est un tabou, mais ça ne devrait pas l'être et d'ailleurs je suis persuadé que c'est encore plus tabou aujourd'hui que dans le passé, d'une certaine manière.

Dirais-tu que la musique de Charles Manson et sa "Famille" ont eu une certaine influence sur ton disque ?

Non, je n'aime pas trop sa musique. Je connais un peu et... c'est okay. Mais il utilisait sa musique afin de devenir une rock star, l'unique but de son culte. C'est un gros mange-merde. Je crois qu'il a écrit ces chansons pour tenter de contrôler les gens. Du coup j'ai du mal à trouver ça "cool". Et puis ce n'est pas comme si ce qu'il avait fait était génial... Je comprends tout à fait pourquoi il n'est jamais devenu célèbre autrement qu'en faisant assassiner des gens.

The Manson Family ‎– The Manson Family Sings The Songs Of Charles Manson (Full Album)

34:24

Tu as sorti les albums Fear, Love, Sex... C'est quoi la suite ?

C'est une quadrilogie que j'ai débutée il y a longtemps et que je dois achever. En général j'écris un des albums de cette série, puis j'enregistre un autre album qui n'a rien à voir entre-temps, afin d'espacer le travail sur cette série. J'en ai besoin pour méditer dessus. Mais il y a bien un quatrième qui va suivre. Mais ce n'est sans doute pas le prochain album et je ne peux pas encore te dire comment il s'appellera car je souhaite que ça reste une surprise... Tout ce que je peux dire c'est qu'il y a un sens caché derrière ces quatre albums et qu'ils parlent de la nature de l'existence, aussi

profondément que je la comprenne. Ce n'est que mon humble contribution à l'expérience humaine.

Serait-ce l'achèvement de quelque chose pour toi ? La fin de King Dude et le début d'autre chose ?

Je ne sais pas... D'habitude je suis très méthodique, mais je n'ai prévu que jusque-là... Lorsque j'aurais fini cet arc narratif il sera temps de savoir quoi faire de neuf. Mais sincèrement, je ne sais pas ce que sera la suite de King Dude après cela. La réponse pourrait être : rien du tout. Mais j'ai hâte que l'échéance arrive. Je peux voir la lumière au bout du tunnel. Je suis serein.

J'ai appris que tu es un membre de ce qu'on appelle la "Greater Church of Lucifer", une organisation luciférienne basée à Houston...

Ce n'est plus le cas. Je m'en suis détaché. Pour des raisons spirituelles, mais également personnelles. Mais je ne tenais pas mes croyances de ces gens-là, pas une seule. Ils m'ont en fait demandé d'être un ambassadeur de leur église et j'ai accepté, puis en gros ils m'ont ordonné afin que je puisse marier des couples. Mais ça ne s'est jamais fait pour plusieurs raisons. La plupart de mes croyances en tant que luciférien n'ont rien à voir avec un temple, un lieu de culte... Cela laisse un grand libre-

arbitre. Ma religion n'a pas besoin de troupeau. Je ne veux pas que les gens me suivent, tout comme je ne suivrai personne d'autre. C'est complètement intérieur.

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J'ai le sentiment que mieux comprendre ta religion, c'est mieux comprendre ta musique.

Oui, bien sûr. Je crois que c'est une grande partie de ma vie, alors c'est forcément une bonne partie de ma musique aussi. Et c'est parfois difficile de faire la part des choses. Je ne cacherai pas le fait que je suis luciférien à qui que ce soit, cela fait bien des années maintenant... mais ces croyances sont les miennes et je ne voudrais changer personne en luciférien, parce q'on ne peut pas. Il faut suivre ton propre chemin, ta propre mystique. J'en discuterais volontiers avec un Chrétien qui serait ouvert à la discussion, j'aime beaucoup en parler.

Ça tombe bien : en France on ne connaît pas vraiment le luciférianisme... tu nous expliques un peu ?

Déjà, on est très peu et il y a beaucoup de "nerds" parmi nous... Pour ma part je crois plutôt en une forme de luciférianisme agnostique et pas théiste... La terre, nos corps, nos esprits sont l'oeuvre d'un démiurge et sont dévolus spirituellement à une entité plus grande, mais qui ne se soucie pas consciemment de l'acte de création. Je ne voue pas de culte à un créateur. Celui qui m'a donné vie,

je retourne à lui à la fin. C'est inévitable. Mais se soucier de ce qui se passe après la mort est une préoccupation morale, pas spirituelle. Je ne me soucie que de la morale, car je suis de toute façon dans le présent, et pas dans "l'après", après la mort... Est-ce que tu comprends ?

Je crois ! Mais bon, j'ai l'impression que c'est difficile à résumer...

Oui, oh tu sais il y a aussi tous ces gens qui pensent que les Lucifériens contrôlent le monde et font partie des Illuminatis...

Donc tu fais partie des Illuminatis ?

Je ne peux pas te le dire, c'est bien ça le problème : on n'a pas le droit de le dire. Mais souvent je vais au centre de la Terre avec Kanye West et on contemple tous les clones de Hitler, on boit le sang de nouveaux-nés, on fait la fête, ce genre de trucs, quoi. (Rires)

Il y a des paroles que j'ai notées, qui me plaisent beaucoup et manifestent cette ambivalence manifeste entre Dieu et Satan inhérente à ta musique. C'est dans le titre "Deal with the devil": "l make a deal with the devil to make it right by God". Peux-tu développer ?

C'est une chanson à propos de la perte d'un être cher. Le protagoniste vend littéralement son âme au diable, qui est une véritable entité, car il veut que son aimée revienne du paradis, après avoir été assassinée – ce qu'il trouve profondément injuste. Alors il accomplit de néfastes desseins pour trouver qui l'a tuée et la ramener, afin d'obtenir vengeance. Or quand il la ramène, il découvre que c'est le Diable lui-même qui l'a tuée. C'est là que c'est compliqué : il fait un pacte avec le Diable

avec son âme en jeu pour tuer celui qui l'a assassinée, mais il lui est impossible de tuer le Diable... Il doit donc se tuer lui-même. Il est donc à nouveau séparé de sa compagne à la fin de l'histoire. Il n'a réussi qu'à se mettre dans une situation encore pire que celle de départ.

King Dude - Deal With The Devil

06:02
Est-ce que tu écoutes-tu ta propre musique ?

Seulement quand je travaille dessus. La plupart du temps j'essaye de ne pas écouter de musique du tout, et si j'en écoute c'est souvent des choses très différentes de ce que je fais moi-même.

Comme quoi ?

J'aime bien la disco, les musiques lumineuses, la musique classique aussi, à peu près tout ce qu'il y a entre David Bowie, Queen, des musiques très bien arrangées... Je ne suis pas en recherche active de nouveaux groupes vraiment souvent, même si ça m'arrive. Tiens j'ai découvert Destroying Angel, de Philadelphie, ça c'est génial. Ca ressemble à de la folk des années 1970, mais c'est aussi très étrange [et c'est signé sur son label, Not Just Religious Music, ndlr]. Mais enfin pour être honnête, ces jours-ci, si je devais écouter un album, ce serait de la disco.


Des conseils ?

Abba ! Ils sont tellement bons ! Ils ont une tristesse planquée que je ne soupçonnais pas et que j'ai découverte récemment, ce qui les a rendus totalement cool à mes yeux... Franchement, ce n'aurait jamais été mon premier choix, mais j'ai écouté ça pendant que je travaillais sur Sex et je cherchais des idées dans les instrumentations des albums funk et disco... Fuckin' great ! Voilà, Abba est vraiment un de mes groupes préférés, maintenant.

Sex est disponible via le Bandcamp de King Dude

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