Jusque là, l'histoire de Swayzak ressemblait à une sorte de longue et lente déliquescence depuis l'amour de l'art jusqu'aux toilettes du Showcase. Débarqué en plein tsunami progressive avec peu ou prou le premier album de minimal house allemande enregistré par des Anglais (Snowboarding in Argentina, qui a ses ardents défenseurs sur discogs), le duo faisait le bonheur des petits rats de chez Hardwax et ambitionnait d'abord de tutoyer Chain Reaction ou Perlon sur leur propre terrain, un je-ne-sais-quoi d'aquosité typiquement britannique en plus dans les rouages. Puis il y eut l'electropop, l'electroclash, l'envie de pépettes et Dirty Dancing, un album affreux qui plongea David Brown et James S. Taylor dans une piscine de champagne mais signa leur arrêt de mort dans les milieux autorisés. Si on doit être complètement honnête, c'est ce Swayzak là dont on a entendu parler en premier, si bien qu'on a vite fait de les enfermer à clé dans le tiroir "rien à foutre" du grenier. Et puis on a reçu S_W_Z_K, on s'est précipité pour l'écouter parce qu'il y avait écrit "Tresor" sur la photocopie et les Dieux de Groove nous sont témoins, on est quasi tombés amoureux.
Il faut dire qu'on ne parle plus tout à fait du même groupe, ni tout à fait du même sujet: James Taylor est parti, emmenant avec lui la house, le soleil et les voyelles du nom (qui ne se dit plus "swayzak" mais "essdoubbleuzedkay"). Un deuil parental en bonus dans les dents, David Brown a pris ses cliques et ses claques du house game, enregistré un monstre de minimal brutale et a préféré envoyer les bandes à Tresor plutôt qu'à k7! qui de toutes façons "ne me comprennent pas".
Good call, good disque, S_W_Z_K, c'est son titre, est une baleine blanche monochrome et monomaniaque comme presque plus personne n'en fait, statique et maigre comme du Basic Channel redessiné avec les crayons dernier cri des bandes Ostgut Ton ou Sandwell District. D'aucuns diraient que le gars a pris le train neo techno en marche, mais vu la qualité de l'image et de l'ambiance, on s'en fiche un peu. On vous laisse vous resservir une rasade de thé et vous faire votre propre opinion.
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