Les promoteurs immobiliers s’en frottent les mains d’avance: 12 étages, 250 chambres, en plein cœur de New York. De quoi faire de jolies cages à Yuppies. Mais avant devenir une juteuse manne pour le futur heureux acquéreur, petit retour sur le mythique Chelsea Hotel, véritable villégiature alternative qui a vu défiler dans ses murs plusieurs générations d’artistes, de la Beat Generation des 50′s, au cirque punk 30 ans plus tard.
Construit en 1883, hôtel particulier à partir de 1905, le Chelsea Hotel héberge durant le XXème siècle des célébrités de tout poil. S’y croisent pêle-mêle la hype d’Hollywood (de Kubrick, à Dennis Hopper, en passant par Jane Fonda), écrivains (Mark Twain, Bukowski, Kerouac, Allen Guinsberg), peintres (Pollock, De Kooning, Kahlo) et tout ce que la musique compte d’icônes: Jim Morrisson, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Sid Vicious, The Ramones, The Stooges. Un sacré merdier bohème dont les murs portent encore les traces.
Dans la chambre 100, Bob Dylan y compose Sad Eyed Lady Of The Lowlands en 1965. Toujours dans cette même chambre, Nancy Pungen – le boulet en latex de Sid Vicious - est retrouvé poignardée en 1978. Andy Wharol tourne en 1966 un très long-métrage avant-gardiste de 3H30 intitulé The Chelsea Girls. Titre qui devient le nom d’une chanson de Nico sur son premier album intitulé… Chelsea Girl! Léonard Cohen compose Chelsea Hotel #2 en l’honneur de sa précédente compagne, Janis Joplin. (Stanley Bard, manager de l’hôtel pendant près de 40 ans s’en souvient: “Jim Morrisson, Hendrix et Janis Joplin venaient ici faire la fête à grand renfort de drogues”. Pour la suite de la partouze, par ici.
En 2007, Tracks avait même retrouvé un rescapé français de la grande époque punk, Philippe Marcadé, qui sortait à l’époque un recueil d’anecdotes à tomber sur l’Hôtel, Au Delà De l’Avenue D.
Le Chelsea Hotel est donc mort. On lui souhaite bon vent, et surtout de ne pas suivre la course d’un autre mythique lieu, le CBGB’s, devenu une misérable boutique à futal troué et boots à clous pour punk 2000.
En revanche, je me demande bien maintenant que le disque est mort et que la grande époque de la note de frais injustifiable est révolue, où notre petit monde de l’indie fornique-t’il à l’abri des regards de mamie? Sur les blogs pour sûr, mais peut-être aussi à Berlin, dans le très crade Tacheles, ou encore entre les quatre murs du déjà-mort Market Hotel, à New York.
Il y deux ans, le groupe So So Gloss, le booker Todd P, et des mecs de Silent Barn tentaient l’expérience d’un mini-Chelsea, en retapant un spot à Brooklyn, en piaules, salle de concert, studio de répèt’, le tout pour composer tranquillement dans la drogue et la bonne humeur.
Évidemment, pour la municipalité, cette petite entreprise de voyous fait mauvaise figure dans le quartier. En avril dernier, la police s’en donne à cœur joie – tapage nocturne, recherche de produits stupéfiants, mineurs parmi les musiciens sur scène – lors d’une descente mobilisant 20 flics en civil. Finalement, les flics parviennent à leurs fins en août et font fermer le Market Hotel. Motif: pas de licence adéquate pour vendre de l’alcool.
Les temps ont bien changé, et c’est pas Sid qui dira le contraire.
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