A CERTAIN RATIO
Avec des températures pouvant atteindre les 25 degrés dans la journée mais un risque non négligeable d’averses orageuses en soirée, on ignore si les membres de A Certain Ratio feront leur concert en short ou pas. On hésite aussi à l'espérer, les mollets de vieux étant naturellement moins agréables à contempler que les mollets de jeunes. Jeunes, ils l’étaient entre 1978 et 1986 (leurs meilleures années, période Factory Records) quand ils décidèrent d’inoculer une monstrueuse dose de funk et de percussions latines au cadavre de Joy Division pour voir ce que ça donnait, soit une musique très étrange (zéro tube à leur actif, pas la peine de crier Shack Up) mais très pénétrante, si pénétrante en fait qu’elle a participé à définir l’une des équations centrales de la pop music depuis lors – punk + dance = mégakif – et influencé tout un tas de groupes, de Talking Heads à LCD Soundsystem. Réunis une première fois en 2006 par le festival Mo’Fo (big up), les pionniers mancuniens se produisent assez régulièrement depuis, ce qui devrait garantir un show physique et hypnotique sur la scène du Parc Duconténia. Avec ou sans pantalons.
DON’T DJ
"Don't DJ a sans doute sorti le disque de house tribale le plus obsédant de l'année". C’est ainsi, avec le sens de la titraille euphémistique qui nous caractérise, qu’on évoquait en fin d’année dernière le choc à retardement (une légère panne de radar en direction de Berceuse Héroïque) provoqué par Musique Acéphale, superbe exercice de manipulation mentale et charnelle revisitant les archaïsme de la transe avec les moyens électroniques actuels – à moins que ce ne soit l’inverse. Et comme le producteur de Düsseldorf est aussi fascinant dans son travail que peu disert à propos de celui-ci ("The worst thing artists can do is to talk about their work", a-il affirmé), le mieux reste de courir voir son set juste avant celui de A Certain Ratio, dont il apparaît d’ailleurs – hasard, miracle, génie de la prog ? - comme l’un des plus dignes descendants.
SAM FLEISH
C’est l’un des secrets les mieux gardés de la pop hexagonale, l’un des atouts les plus décisifs du label Teenage Menopause, l’un des guitaristes les plus inspirés des Crane Angels, et fatalement, seuls les plus précoces des festivaliers auront la possibilité de le voir jouer demain dans l’espace confiné du Battela Ostatua. Capable de changer en un clin d’œil une complainte anti-folk en déluge de fuzz strident et de vous faire chialer des briques du haut d’échafaudages psychédéliques, Sam Fleish, aka Sylvain Albert Marie Kalbfleish, aka Nunna Daul Isunyi (ce qui signifie "le chemin des larmes" en Cherokee - enfin tout s’explique) nous fait déjà regretter d’avoir pris nos billets trop tard. Gageons que les présents participeront à écrire sa légende.
MDOU MOCTAR
Mdou Moctar est l’impressionnant héritier d’une tradition blues touareg. Longtemps musicien anonyme de mariage, ses morceaux ont tournés de portable en portable en Afrique de l’Ouest, avant d’avoir été repérés et retrouvés par le label Sahel Sounds. Comme pour beaucoup d’artistes révélés par ce label, la fraîcheur de sa musique se joue dans le métissage et la réappropriation –ici le jeu traditionnel à la guitare électrique, et toute la musique touareg passée à la moulinette psyché.
KATE NV
Enfin, on est drôlement curieux de voir ce que peut donner la musique de Kate NV en live. Excellent exemple du brouillage des cartes de la musique contemporaine, son album Binasu, initialement sorti sur cassette par un les américains d’Orange Milk et astucieusement repressé cette année par les malins de MIND records, renvoie autant à du funk japonais qu’aux avant-gardes électroniques européennes des années 80 mais est pourtant produit par une compositrice originaire de Moscou : merci 2017, merci Internet et merci le Baleapop de la programmer pour une de ses rares apparitions en France.
Toutes les infos concernant le festival sur le site de Baleapop.