Attention à bien lire l'affaire : Philipp Weber n'est pas un échappé de la techno de plus qui se serait refugié vers les courants agités de la musique expérimentale et de la déconstruction pour suivre la meute ou parce qu'il s'ennuyait trop dans les clubs ; non, s'il s'inscrit dans une quelconque filière, ça serait plutôt celle, ancestrale, des bidouilleurs de circuits imprimés sans foi ni loi de Germanie qui, de Cluster à Kreidler ou To Rococo Rot ou la bande autour d'A-Musik / Entenpfuhl / Sonig, n'a de cesse depuis 40 de perpétuer l'étrange électronique en terre teutonne.
Vraisemblablement affilié à Barnt, le label leipzigois Holger (dont on imagine avec plaisir que le nom est un double hommage aux géniaux Holger Czukay - de Can - et Holger Hiller - de Palais Schaumburg) s'est fait une spécialité de ces objets libres de forme et délicieusement difficiles à identifier, pourtant tous cohérents, au point de talonner le Magazine de Barnt justement ou la petite maison Bureau B malgré son petit catalogue ; Weber s'y trouve en tout cas comme un Combattant dans un aquarium et ses deux disques sont parmi les plus originaux et les plus réussis du label à ce jour.
Son deuxième mini-album, sobrement titré Zwei parce que le premier s'appelait Eins, est en effet un véritable cabinet de curiosités où rien ne se ressemble et où tout ne ressemble à pas grand chose, faisant défiler sans effort et sans douleur (pour nous, les auditeurs) la synth music qui gronde, la pop fragile (il chante sur un morceau), le kraut éternel et la proto techno. Petit disque pas mal passionnant, donc, qu'on vous fait écouter en entier pour être sûr que vous ne passiez pas à côté.
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