Un jour, on écrira l'histoire du premier revival krautrock allemand, celui qui a eu lieu entre le milieu des années 90 et le début des années 2000, et on se rendra compte que ce fut un moment au moins 63% aussi important que la première vague de rock expérimental allemand dont il s'inspirait.
Affiliés à l'époque au post rock ou à l'electronica parce que les disques de Neu! ou Faust n'étaient pas encore (bien) réédités et que le mot "krautrock" n'avaient pas encore été redécouvert, Mouse on Mars, Tied & Tickled Trio, Schneider TM, To Rococo Rot ou donc Kreidler ne copiaient proprement personne mais réhabilitaient ouvertement les oeuvres alors largement oubliées de Cluster, Can ou Ashra Tempel.
En passant ils ont rendu service à l'Histoire et à nos discothèques. Mais ils furent surtout parmi les premiers musiciens de notre temps à mettre à profit la manière dont les vétérans du rock expérimental allemand confondaient art et pop, highbrow et lowbrow, jeu live et obsession directement héritée de la musique électronique pour les boucles et les textures.
Une vingtaine d'années après la première cassette du groupe, la musique de Kreidler illuminera sans doute moins d'esprits qu'en 1996, mais elle n'a rien perdu de sa pertinence, de son invention et de sa célérité. Enregistré à Tbilisi, en Géorgie, leur ABC récemment sorti sur Bureau B est une curieuse chose à la fois typiquement rigoriste et farouchement pop, arty mais constamment groovy, qui semblerait sans doute moins sévère si elle était intégralement jouée par des synthés séquencés. Si vous vérifiez les dates de mise en ligne des extraits ci-dessous, vous noterez qu'on a déjà été plus en avance pour relayer une actualité; mais parce que le disque nous a un peu pris par surprise et qu'il fut une époque où on était très attaché à Kreidler, on tenait malgré tout à vous en parler.
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