Disons-le tout net: le souci avec Liturgy n'est plus de savoir si leur musique est digne ou indigne de figurer dans le Panthéon black metal dont ils se réclament.
Les gardiens du Temple d'Odin ayant depuis longtemps rendu leur verdict sur le poupon tête à claques Hunter Hunt-Hendrix ("coupons la-lui, sa tête à claques"), on doit désormais juger le groupe d'Hunter-Hendrix comme ce dernier se juge lui-même: une âme esseulée dans un monde sans sens, soumis à l'aliénation et à l'absurdité du néant au bord duquel il avance, malgré tout seul en charge de son destin et de l'endroit où il ambitionne de se rendre (pour ceux qui ne suivent pas, on déroule ici les premiers precepts de l'existentialisme que notre Poupon damné a érigé en sous-texte de la musique de Liturgy, cf. notre entretien avec sa pomme en 2012).
Et avous-nous que sans les ombres portées d'Ulver ou Anaal Nathrakh pour l'écraser, la musique de Liturgy a de la gueule. Libéré de l'envie d'en découdre et / ou de se conformer (c'est souvent lié) au plus select des sous-genres du metal extrême, Hunt-Hendrix change de Panthéon (un peu comme les Chevaliers du Zodiaque quand ils passent au Panthéon d'Asgard, pour ceux qui s'en souviennent) et fait muter sa musique polémique en musique tout court.
Titré d'après le fameux Serpent à plumes des mythologies mésoaméricaines, ce "Quetzalcoatl" extrait du troisième album du groupe à sortir en mars sur Thrill Jockey nous fait donc songer dans le désordre à: The Soft Moon, Wire, Björk, le thème de L'Attentat d'Yves Boisset par Ennio Morricone, un vieux morceau d'Autechre un peu emo de l'époque où ils faisaient des morceaux emo.. et presque plus à du black metal. Est-ce un bien? Est-ce un mal? On n'en sait rien mais on trépigne d'entendre The Ark Work en entier pour trancher.
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