"Hipster alert...". L'expression n'est pas de nous, mais d'un inscrit Discogs originaire de Norvège qui s'exprime un peu rudement sur la page Discogs de cette rareté parmi la batterie de commentaires plus ou moins hystériques ("AWESOME!!!") qui réclament à corps et à cris une réédition. Ce à quoi on a envie de lui répondre: "Ouais, et alors?" Car le truc a clairement la grâce et de bonnes raisons d'être entendu en dehors du cénacle des crate-diggers professionnels.
Auto-enregistré, auto-produit et auto-édité par Kissoon Ramasar, musicien hindou excentrique installé à Trinidad et Tobago repéré (par exemple par Guido d'Acid Arab) pour le psychédélisme indolent de certaines des sorties de son label KDR Records, "The Greatest Name That Lives" se distingue dans sa discographie par l'ostinato électronique malingre qui lui sert de base musicale et l'étonnant petit cirque intime qui s'y joue : Lata Ramasar, la chanteuse, est la fière fille de son papa, et le nom éternel qu'elle honore est ni plus ni moins que celui de sa maman. Tout ça gagne encore en charme et en importance quand on entend la manière cosmique et formidablement précaire dont la petite Lata, qui n'avait sans doute pas tout à fait dépassé la puberté à l'époque de l'enregistrement, exprime son amour : à tue-tête, sans peur du lendemain et avec la ferveur inimitable d'une gamine qui pense effectivement que son papa et sa maman sont les deux personnes les plus importantes qui ont jamais foulé le sol de la planète Terre.
Peu importe que des diggers hipsters portent à bout de bras cette réédition d'Invisible City Editions, donc, on sera très heureux de la topper ASAP, par exemple chez Rush Hour, pour la ranger sur l'étagère entre les Ten Ragas to a Disco Beat de Charanjit Singh et ce bon vieux Philosophy of the World de ces bonnes vieilles Shaggs.
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