Il y a peu, on dissertait sur le cas Dorian Pimpernel, ce combo local de petits génies trop occupés à accorder leurs Philicorda et autres synthés soviétiques pour lever les yeux sur tous les wagons du petit train de la hype qu'ils ont loupé (ou qui les a loupés). En version hollandaise, ça donne Jacco Gardner, un fanatique des Zombies qui joue de l'orgue électronique depuis ses 14 ans (au sein du groupe freakbeat The Skywalkers) et sur lequel on n'aurait pas parié un centime de notre monnaie commune tant il nous semblait obsessionnel, niché dans ses rêves de tangerine. Il est vrai qu'il est difficile d'écouter la musique de Jacco Gardner, dont la voix ressemble pas mal à celle de Syd Barrett, sans ignorer la foule de jolies références poussiéreuses qui abondent dans notre esprit: les Zombies bien sûr, mais aussi tous les bons gars de la pop anglaise à clavecins, flûtes et tasses de thé au LSD, de The Left Banke aux Kinks de Face to Face, en passant par les Small Faces de Ogden's Nutgone Flake, ou même le Andrew Loog Oldham Orchestra.
Cumulant toutes les qualités requises pour finir dans une rubrique tenue par Patrick Eudeline, Jacco Gardner a su s'extirper des chaînes de la nostalgie castratrice, certainement par la finesse de son écriture ou tout simplement parce qu'il a internet et moins de vingt-cinq ans, et se créer une fanbase assez conséquente pour pouvoir tourner un peu partout en Europe sans être payé en bières comme le tout-venant du rock passéiste. Grâce à Facebook, on a récemment appris que le jeune musicien de Hoorn s'est même trouvé mêlé à une histoire digne des plus obscures magouilles du showbizz, puisque son nouveau tourneur a fait annulé son concert prévu à l'Espace B le 9 avril prochain pour le remplacer par une date à la Flèche d'Or, se faisant par là-même l'homme à abattre des garants parisiens de l'authenticité garageo-pop. De notre côté, on évitera de se plaindre que certaines salles soient trop petites pour certains artistes qui méritent bien leur petit coup de projecteur. Pour l'heure, loin des pinailleries, on écoute le premier album de Jacco Gardner, Cabinet of Curiosities, que l'on vous relaie dans son intégralité youtubesque.
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de nos cookies afin de vous offrir une meilleure utilisation de ce site Internet.