Si vous faites partie de la tribu des mikepattoniens hardcore qui ont pour étrange rituel de suivre et d'adouber tous les agissements de Mike Patton sans exception, vous avez peut-être (sans doute) frémi à l'annonce de sa participation à la dernière reformation de Faith No More. Si vous avez des oreilles et un coeur, vous avez sans doute (sûrement) eu mal à dos en écoutant "Motherfucker", title-track très malaisant de leur nouvel album.

Mais que tout le monde boive un grand verre d'eau et reste calme: le psycho chanteur le plus célèbre de l'underground art metal n'a pas passé le Rubicon pour rejoindre Ride, Slowdive ou Gang of Four aux Champs Elysées des gangs de vieux rockers incontinents reformés pour nous pondre des inanités musicales sans le moindre discernement.

Toujours au taquet créatif, Patton occupe présentement ses weekends à répéter avec le bidouilleur de boucan Anthony Pateras, présence centre de l'underground expérimental australien à qui l'on doit déjà quelques piles de disques sur le Tzadik de John Zorn ou aux Editions Mego de Pita. Et rien que le nom du projet - "tētēma", du nom d'une espèce de petits passereaux qu'on trouve en quantité en Amérique tropicale - est fait pour nous rassurer.

Présentée par Ipecac comme "une injection de cafféine à même les globes oculaires" et un remède idéal aux soirées de débauche à mater des photos de lolcats, la musique fomentée par le duo avec une vingtaine d'intervenants débarqués des quatre coins de la musique expérimentale fait effectivement un remontant roboratif pour affronter "ce
millénaire maudit qui vénère Miley-Cyrus" et les saloperie dans le genre du nouveau Faith No More ci-dessus évoqué. De fait le seul point d'accroche à peu près stable de la décharge tribale et post-exotique ci-dessous est la voix élastique de Patton lui-même, dont les éructations continuent de fasciner et de fatiguer avec la même énergie et le même aplomb. Geoicidal sort le 9 décembre, on sera au rendez-vous.